Les conflits d'interêt et les abus de pouvoir plombent la pédagogie, selon les protestataires. L'université s'enlise dans une crise profonde. La commission d'enquête ministerielle tarde à rendre son rapport sur la gestion de cette université. Les enseignants de l'université de Tizi Ouzou observent, depuis hier, trois journées de protestation ponctuées de rassemblements devant le rectorat. Par ces actions initiées par la section locale du conseil national des enseignants du supérieur (CNES), les grévistes entendent dénoncer «la situation explosive» qui prévaut au sein de l'université. Ils réclament, en outre, le départ de l'équipe dirigeante actuelle «seule responsable de l'état de déliquescence, d'instabilité, de dépérissement, et de non droit qui y prévaut», ont déploré les protestataires. «En dépit de l'intervention du ministre de l'enseignement supérieur et l'envoi d'une commission d'enquête, aucune décision palpable n'a été prise de la part du recteur pour le règlement du conflit qui oppose l'équipe dirigeante de cet établissement à l'ensemble des membres de la communauté universitaire», nous a indiqué le coordinateur de la section Cnes, Ould Ouali Samy-Hassani. La décision de rehausser le ton pour se faire entendre a été prise à l'issue d'une assemblée générale tenue le 11 avril dernier. En plus du mouvement de grève, il a été décidé de prendre attache avec la tutelle par le biais d'une délégation désignée à cet effet. Une réunion d'évaluation et d'étude des perspectives du mouvement de protestation sera tenue le 17 avril à 10h, à l'amphi Belhouas, a annoncé ce syndicat, qui dénonce la «tentative délibérée de porter atteinte à la symbolique du 20 avril 1980 par un déploiement inédit visant à lui donner un caractère folklorique». Dans une déclaration rendue publique, la section locale du CNES regrette «les tractations» orchestrées au niveau de la tutelle qui, selon elle, ont pour seul but le maintien de l'actuelle équipe dirigeante de l'université Mouloud Mammeri. «Comme annoncé le 6 avril dernier, les trois composantes de la coordination de la communauté universitaire de Tizi Ouzou (CCUTO) ont entamé aujourd'hui (lundi) la consultation de leurs bases respectives pour débattre du plan d'action à mettre en œuvre pour débloquer la situation de non gestion dans laquelle l'université Mouloud Mammeri est sciemment maintenue depuis des semaines et éviter des lendemains incertains. Deux des composantes, le Cnes-UMMTO et la coordination Snapap de l'UMMTO ont organisé leurs assemblées générales lundi». Par ailleurs, la CCUTO (CNES, Snapap, coordination des étudiants) déplore le silence de la tutelle. «Cinq semaines se sont écoulées depuis l'intervention du ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans une tentative de désamorçage de la crise qui secoue l'université de Tizi Ouzou depuis l'installation de l'actuel recteur en juillet 2015. Quatre semaines depuis son envoi d'une commission d'enquête, aucune décision palpable n'a été prise pour le règlement du conflit qui oppose l'équipe dirigeante de cet établissement à l'ensemble des membres de la communauté universitaire». Parmi les autres griefs soulevés, la remise en cause par le recteur des protocoles d'accord et de toutes les structures représentatives de la communauté universitaire, les nominations de façon approximative, sans consultation des facultés, la situation de blocage à la faculté des sciences économiques, commerciales et de gestion depuis plus de six mois.