Les élus de l'Alliance de l'Algérie verte, d'El Adala, du Parti des travailleurs et des indépendants ont saisi la tribune de l'APN pour interpeller le garde des Sceaux sur le silence de la justice quant au retour de Chakib Khelil et également sur d'autres dossiers de corruption qui défrayent la chronique en actuellement. L'affaire Chakib Khelil s'est invitée, hier, à l'Assemblée populaire nationale (APN) à l'occasion de la présentation par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, du projet de loi complétant l'ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal. Les députés ont, pratiquement, fait le procès de la justice et du pouvoir, reléguant ainsi au second plan l'ordre du jour de cette plénière. Les élus de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), d'El Adala, du Parti des travailleurs (PT) et des indépendants ont saisi la tribune de l'APN pour interpeller le garde des Sceaux sur le silence de la justice quant au retour de Chakib Khelil et également sur d'autres dossiers de corruption qui défrayent la chronique actuellement. S'adressant à Louh, le député Hacen Laribi, d'El Adala, l'interroge sur le rôle et la place de la justice : «De quelle justice parlez-vous messieurs les dirigeants de ce pays, vous qui êtes les premiers à transgresser les lois de la République ?» Et de demander au ministre des explications quant à la réaction de la justice qui fait une chose et son contraire : «La justice avait lancé un mandat d'arrêt contre Chakib Khelil. Aujourd'hui, contre toute attente, les autorités de ce pays lui déroulent le tapis rouge et l'accueillent à son retour avec les honneurs, alors qu'aucun compte rendu n'a été livré aux citoyens concernant cette affaire. Comment expliquez-vous cette façon de faire.» Il interpelle également Louh sur la mise à la retraite d'un procureur général dont le seul tort était d'avoir appliqué la loi contre ceux qui ont dilapidé les richesses de notre pays. Dans son réquisitoire, le député Laribi qualifie sans tergiversation Chakib Khelil de «voleur» et nos dirigeants d'hypocrites, et accable la zaouïa El Marzoukiya qu'il accuse de vouloir innocenter l'ancien ministre de l'Energie, sa femme, ses enfants et Farid Bedjaoui. Pour sa part, Naâmane Laouar de l'AAV se met dans la peau du citoyen et dit ne pas comprendre le mutisme des institutions de l'Etat, à leur tête la justice. «Pourquoi la justice ne s'est pas auto-saisie des affaires de corruption qui défilent ces jours-ci et pourquoi elle n'a pas été actionnée contre les responsables au pouvoir accusés de corruption», se demande le député qui aurait souhaité, selon ses propos, que Chakib Khelil soit innocenté par la justice algérienne et non par d'autres parties. Sur le même sujet, Djelloul Djoudi, du PT, a rappelé au ministre qu'il l'avait saisi à travers une question orale sur le cas Khelil et que dans sa réponse écrite, le ministre avait précisé que l'affaire était entre les mains de la justice. Le député demande des explications : «Que s'est-il passé ? Qu'a fait la justice ?» Gêné, Louh réplique en plénière à l'intervention du député en lançant : «Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ma réponse est celle rapportée par la presse. Je l'assume.» Lors de cette plénière, le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, est intervenu à plusieurs reprises pour recadrer des députés qui étaient hors sujet et avaient parfois un comportement indigne d'une telle institution. Notons aussi que certaines interventions étaient d'un «niveau très bas».