Des députés ont rudement interpellé hier, à l'Assemblée nationale, à l'occasion d'une séance plénière consacrée à l'examen du projet du Code pénal, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, quant à l'affaire Chakib Khelil, l'ex-ministre de l'Energie revenu depuis peu au pays, sans être inquiété. Ainsi, le parlementaire du parti El-Adala a estimé que la justice doit des explications aux Algériens, rappelant qu'"un mandat d'arrêt international avait été lancé contre Chakib Khelil". "Expliquez-nous donc, pourquoi, aujourd'hui, vous lui déroulez le tapis rouge", s'est-il écrié, accusant les dirigeants du pays d'avoir mis à la retraite un procureur "dont le seul tort est d'avoir fait son travail" en lançant ledit mandat d'arrêt contre "un voleur" et donc d'avoir appliqué la loi "contre ceux qui ont dilapidé nos richesses". Moins virulent mais tout aussi direct, Naâmane Laouar, un député de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), s'interroge sur les raisons de la passivité de la justice. "Nous aurions aimé que l'innocence de Chakib Khelil soit établie, le cas échéant, par la justice et non par d'autres parties", a-t-il déclaré. En réalité, complètera son collègue du groupe des Indépendants, Zegad Lahbib, "ceux qui l'innocentent et leurs relais médiatiques détiennent en réalité les preuves de sa culpabilité". Alors que le président de l'Assemblée, Larbi Ould Khelifa, intervenait pour faire cesser ces interpellations et ramener la plénière à son ordre du jour, Djeloul Djoudi (Parti des travailleurs, PT) a tenu à en rajouter une couche, en s'adressant directement au ministre de la Justice. "Le PT vous avait saisi à travers une question orale sur le cas de Chakib Khelil. Dans votre réponse écrite, vous aviez, monsieur le ministre, indiqué que la question était entre les mains de la justice, mais, depuis, plus rien. Que s'est-il donc passé ?" Réagissant à ces critiques, le ministre de la Justice a précisé qu'il refusait qu'on lui fasse dire ce qu'il n'a pas dit. "Ma réponse à ces questions a été rapportée par la presse et je l'assume", s'est-il contenté d'ajouter. On n'en saura donc pas plus, mais tout porte à croire que le dossier Khelil est clos. Sauf rebondissement spectaculaire. R. N.