Assailli par ces interpellations, le ministre de la Justice n'a pas attendu pour répondre sur place et lever le doute. Le retour de l'ancien ministre de l'Energie et des Mines a tracassé plus d'un. Cette affaire a monopolisé les débats hier à l'APN sur le projet de loi portant sur le Code pénal. Les députés étaient nombreux à interpeller le ministre de la Justice, garde des Sceaux Tayeb Louh sur ce sujet qui a défrayé la chronique nationale. «Ça suffit les mensonges, il ne faut pas prendre le peuple pour un dupe, comment osez- vous blanchir un homme qui a détourné des milliards et qui a fui la justice?», a martelé le député indépendant, Lahbib Zeggad. Dans son réquisitoire, cet élu a soutenu que ce ne sont pas les lois qui font défaut, mais plutôt l'application. «La loi ne s'applique qu'au plus faible dans ce pays», a-t-il déploré. Connu pour son franc-parler, ce député s'est interrogé sur les éventuels scandales sur lesquels la justice n'a pas donné suite. «Où est cette justice, plusieurs ministres ont été impliqués dans des affaires de corruption dont l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, Sonatrach, mais ils n'ont pas été appelés à la barre», a-t-il accentué estimant que la stabilité du pays passe d'abord par une justice équitable. Le député du Parti de la justice et du développement n'a pas été tendre. Hassan Laribi a ouvertement accusé le pouvoir: «Vous parlez de quelle justice? Vous êtes les premiers à transgresser les lois de la République!» s'est-il interrogé en s'adressant aux «dirigeants de ce pays». Profitant de la présence du premier responsable du secteur, Laribi a demandé des explications sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d'encre. «Expliquez-nous la réaction de votre justice, un mandat d'arrêt avait été lancé contre Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'Energie et aujourd'hui, on lui déroule le tapis rouge et le procureur de la République a été mis à la retraite pour la simple raison qu'il a appliqué la loi contre ceux qui ont dilapidé les richesses de notre peuple», a crié Laribi en qualifiant Chakib Khelil de «voleur». Le représentant du PJD s'est attaqué même à la zaouïa el Marzoukia en l'accusant de vouloir innocenter l'ancien ministre de l'Energie «et sa famille ainsi que Farid Bedjaoui». Dans ce sens, le député de l'Alliance de l'Algérie verte, (AVV), Naâmane Laouer a demandé pourquoi la justice n'a pas été actionnée contre les responsables au pouvoir accusés de corruption. «Nous avons souhaité que Khelil soit innocenté par la justice et non par d'autres parties», a-t-il affirmé en estimant que l'opinion publique doit être éclairée sur cette question. Des interventions qui n'ont pas laissé le président de l'Assemblée populaire nationale indifférent. Larbi Ould Khelifa a eu à intervenir plusieurs fois en appelant les députés à ne pas sortir du débat, mais en vain. Le député du Parti des travailleurs, Djeloul Djoudi, est revenu à la charge quelques minutes après pour s'adresser au ministre de la Justice sur cette affaire qui entoure le flou. «Notre Parti des travailleurs vous a déjà saisi à travers une question orale sur le cas de Chakib Khelil. Dans votre réponse écrite vous avez, Monsieur le ministre, précisé que la question est entre les mains de la justice. Que s'est-il passé alors?», s'est interrogé Djoudi qui a réussi à faire parler le ministre. Assommé par ces interpellations, le ministre n'a pas attendu pour répondre sur place et lever le doute. Le ministre a invité le député du PT à publier sa réponse. «Ma réponse est celle rapportée par la presse. Je l'assume. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit», a-t-il déclaré en refusant de faire de déclaration à la presse en marge de la plénière. Le PT a interpellé récemment le ministre sur l'invitation de l'ancien ministre à la réception du 1er Novembre dernier à l'ambassade d'Algérie aux Etats-Unis alors qu'il était poursuivi en justice. Le député du PT qui a insisté sur la présomption d'innocence, explique qu'il est du devoir du peuple de connaître la vérité et que la justice doit faire son travail.