Les islamistes ne cessent pas leur croisade contre la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Craignant toute évolution positive de l'école algérienne, en panne depuis des années, qui pourrait changer l'ordre établi depuis l'indépendance, ils plaident pour le statut quo. Pour ce faire, ils s'attaquent avec férocité à la deuxième génération de réformes de l'éducation préparée, pendant plusieurs mois, par des experts algériens. Refusant d'assimiler les multiples explications de la ministre, pourtant sociologue ayant à son actif plusieurs travaux de recherche sur l'éducation nationale disponibles même sur internet, des responsables des partis islamistes inventent «une menace» pour leur «identité nationale». Sans argument aucun, le chef d'un de ces partis islamistes, le MSP, Abderrazak Makri, déverse son venin sur Nouria Benghebrit. Lors d'un séminaire sur l'éducation nationale organisé, mardi dernier à Alger, il accuse la ministre «de vouloir franciser le système éducatif national», tout en se demandant «si elle impose cela à l'insu du chef de l'Etat malade ou avec son accord». Le chef du parti islamiste, qui se dit «ouvert aux langues», s'emmêle les pinceaux. Il affirme d'abord qu'il «préfère l'anglais au français», avant d'insister «sur un enseignement uniquement en langue arabe». Difficile donc de le suivre dans ce raisonnement absurde. Mais c'est la logique de ce courant, chez qui l'idéologie l'emporte souvent sur le bon sens. Déjà, l'été dernier, le même courant a mené une bataille féroce contre la première responsable du secteur après avoir évoqué l'introduction des langues maternelles à l'école, qui est effective dans la plupart des pays développés. A l'époque, ils évoquaient un pseudo-«danger pour la langue arabe». Cependant, leur arrière-pensée est toute autre : il s'agit justement d'empêcher une réconciliation des Algériens avec «leur identité nationale et leur algérianité». Aujourd'hui, pour défendre la même arrière-pensée, ils invoquent de gros mensonges selon lesquels «Mme Benghebrit aurait fait appel à des experts français pour préparer les futurs programmes» et qu'elle «aurait aussi conclu un accord avec son homologue française pour piloter les réformes». Encore une fois, sans vérifier ce qu'ils avancent, ils s'attaquent à Nouria Benghebrit qui les empêche visiblement de maintenir leur projet qui est à l'origine de la situation de l'école algérienne qui patauge et régresse affreusement.