L'APW d'El Tarf a tenu de mardi à jeudi derniers sa première session de l'année en cours, pendant que la route était coupée entre l'aéroport et Ben M'hidi. Une banalité pour les autorités, qui ont acquis les réflexes pour y remédier, mais un harcelant calvaire pour les automobilistes, contraints à faire des détours. Motif de la protestation : pas d'eau. Ce qu'il y a à retenir de cette première session de l'APW est son ambiance bon enfant. Les élus et les responsables de l'administration se sont montrés très confiants en l'avenir. Un sentiment à mettre sur le compte du printemps, car si on y regarde de plus près, les chiffres ne sont pas réjouissants, si on les décortique dans le détail. Mais restons dans le global. Au menu, le bilan de l'année 2015 du wali, l'approbation des subventions annuelles, la préparation de la saison estivale et du mois de Ramadan et une situation sur l'emploi. Commençons par l'emploi, ou plutôt le chômage. Le taux serait de 8,33% à El Tarf, soit de 3 points inférieur au taux national de 11,22 fixé par l'ONS, mais contesté dans le fond par des expertises indépendantes, qui le fixent autour de 20%. Il était de 11% à El Tarf en 2012, toujours selon les sources institutionnelles. Donc pas beaucoup de chômage à El Tarf, selon les pouvoirs publics, et il aurait été absorbé en 2015, essentiellement par les services et les travaux publics du secteur privé. L'agriculture reste le parent pauvre, et encore moins le tourisme, consacrés vocations régionales et piliers du développement local. La préparation de la saison estivale et du Ramadan n'a pas dérogé à ses habitudes. Toutes les dispositions sont prises pour que le citoyen jeûne paisiblement et que les estivants se baignent en toute sécurité, sans manquer de quoi que ce soit, pendant ces périodes cruciales qu'appréhendent tout autant les citoyens résidents d'El Tarf que les autorités publiques. El Tarf n'est plus Hiroshima Le bilan du wali met en relief les réalisations depuis 2014 (Mohamed Lebka, le wali d'El Tarf est en fonction depuis octobre 2013). Indéniablement, le visage du chef-lieu a changé et des projets, en panne depuis plusieurs années, ont redémarré et ont été réceptionnés. On peut citer le nouveau siège de la wilaya, qui a accusé un retard de plus de 10 ans, ce qui a permis aussi l'installation de la Cour d'El Tarf. Il y a également la maison de la culture, un bijou à préserver coûte que coûte, le port d'El Kala, mais encore des réalisations dans les secteurs de l'éducation, de l'hydraulique, du logement et des équipements publics. Il y en a, par contre, qui sont à mettre au titre de la fantaisie, comme ce «ponton» en béton au bord du lac Tonga, de refaire des trottoirs qui datent de moins de 2 ans ou encore des rampes de lampadaires onéreux de plusieurs kilomètres. Le plus visible, c'est incontestablement les aménagements urbains au chef-lieu. Les entrées Est, Ouest et Sud ont été traitées en doubles-voies avec des ratages dangereux, se plaignent les automobilistes, qui redoutent les ronds-points. El Tarf dispose encore de placettes et promenades accueillantes récemment inaugurées. Ce n'est pas le cas des quartiers et des lotissements où vit la population, qui manque souvent de plus élémentaire d'où les fréquents et perpétuels mouvements de protestation, dont la fréquence et la violence ont malgré tout sensiblement baissé. Ainsi donc El Tarf n'est plus Hiroshima. C'est ce à quoi l'a comparée Abdelmalek Sellal le 25 décembre 2013, lorsqu'il est venu remettre un cadeau de 30,5 milliards de dinars dans la perspective du 4ème mandat présidentiel de Bouteflika. C'était la période faste. Et on n'en a pas tiré profit à El Tarf, n'accordant pas la priorité et la considération aux projets destinés pour la population résidente, comme les aménagements des lotissements et des quartiers. Des projets gelés, sans perspectives réjouissantes à court terme. La crise engendrée par la baisse des prix des prix des hydrocarbures est là. Et il faut s'y préparer. Ce qu'il faut en fait retenir du rapport du wali d'El Tarf est que les financements accordés à cette wilaya depuis 1999 s'élèvent au 31/12/2015 de près de 1700 milliards de dinars avec un pic de 1000 milliards de dinars pour la période 2010-2014. En 2015 la dotation n'a été que de 70 milliards de DA, elle était de 350 milliards de DA en 2014, soit une baisse de 80%. De quoi donner de sérieuses inquiétudes, mais pas aux élus satisfaits des résultats. Ce qui n'est pas une nouveauté. Un bilan qui a le mérite au moins d'avoir mis l'accent sur des dérives des prédécesseurs de Mohamed Lebka, le wali d'El Tarf.