Des Messalistes réitèrent leur revendication d'une « réconciliation historique » qui rendra justice aux militants du Mouvement national algérien (MNA) fondé par Messali Hadj. «Il faut une réconciliation totale de tous les Algériens quelque soit leur idéologie. Nous réclamons un agrément pour le PPA et que tous les moudjahidine aient les mêmes droits (MNA et FLN-ALN) », a défendu Ali Agouni, ancien compagnon de Messali Hadj, lors de la journée d'étude commémorant la 71ème des événements de Ksar-Chellala et l'exil au Congo-Brazavilles du leader nationaliste (18 avril). Evoquant le rôle pionnier de Messali (ses prises de parole au congrès anti-impérialiste de 1927 et au Congrès musulman en 1936), Agouni rappelle des déclarations des rivaux de l'autre camp ALN-FLN. « Boudiaf a affirmé que la Révolution algérienne ne s'inspire pas des expériences russe ou française, mais trouve son origine dans l'intervention mémorable de Messali au Congrès musulman du 2 août 1936 au stade municipal à Belcourt (actuel 20-Aout). (…) Bentobal était pour que ces dates deviennent des journées fériées», rappelle le vieux compagnon. Enseignant à l'université de Mascara Touaguine Ahmed, a évoqué les « regrets » qu'aurait formulée le président Ahmed Benbella qui est allé se recueillir sur la tombe de « Sid El Hadj » « pour demander pardon ». Touaguine a tenu à rendre hommage à un fervent historien, devenu une icône des messalistes pour avoir défendu « à ses risques et périls » la mémoire du leader nationaliste: « Le défunt professeur Rabah Belaïd (dont un livre posthume vient d'être publié), a été attaqué pour avoir voulu organiser un colloque sur Messali à Batna ». Le don de Messali pour la Révolution Autre pourfendeur des adversaires de Messali, l'ancien militant PPA-MTLD Arezki Basta prend le contre-pied au discours dominant en rappelant les mérites des militants du parti MNA. « Du 6 novembre 1945 à septembre 1955, l'ALN était absent à Alger. Le combat a été mené par les militants de Messali », lâche l'ancien responsable des jeunes PPA/MTLD de La Casbah qui rejette la version de l'agression à la barre de fer qu'auraient subie à la veille de la guerre Mohamed Boudiaf et ses accompagnateurs du CRUA à la Basse-Casbah. Mustapha Nouicer, chercheur et enseignant à l'université d'Alger, rappelle l'engagement des militants MNA et de Messali lui-même qui a fait don durant la première semaine de la guerre de 3 millions de francs, « remis à Krim Belkacem et Mostefa Ben Boulaïd». Historien reconnu du nationalisme algérien, Daho Djerbal rappelle les souffrances des militants MNA. « C'est des militants au sens véritable du terme. Malgré les machinations qu'ils ont subies, ils sont toujours debout pour la vérité historique. (…) Ces militants sont exclus des manuels scolaires et du discours officiel », regrette le directeur de la revue Naqd et auteur de L'OS de la fédération de France du FLN (Chihab). Rappelant sa participation à un colloque sur les condamnés à morts nationalistes (220 dont 11 condamnés à mort et exécutés dont une partie MNA) de la prison Montluc, Djerbal estime qu'il est impératif de conserver les récits de la guerre et éviter de glorifier des idoles. « Nous avons à l'université des étudiants de Ksar-Chellala, mais nous ne disposons ni de mémoire ni d'une thèse en histoire sur la région. Il faut recueillir les témoignages. Celui qui écrit est un sujet de l'histoire », estime Djerbal qui appelle à la mise en place une « cellule » pour s'atteler à cette tâche. Les participants, parmi lesquels des défenseurs du vieux leader, à l'instar de Mountasser Oubetroune, étaient unanimes à dénoncer la politisation de l'histoire et l'exclusion dont ont fait l'objet Messali et ses militants, durant la guerre de Libération « à laquelle ils ont pris part » comme leurs rivaux du FLN.