Selon des sources dignes de foi, la Gendarmerie nationale à El Tarf vient d'être instruite pour ouvrir des enquêtes sur les élus de l'APW et des APC, les organisations et les associations de la société civile qui ont apporté leur soutien au wali d'El Tarf, Djilali Aârar, aujourd'hui sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire national (ISTN) et impliqué dans différentes affaires de corruption, de détournement et de dilapidation de deniers publics, pour lesquelles il est convoqué une seconde fois à la Cour suprême le 28 octobre courant. On s'interroge beaucoup en ce moment à El Tarf sur la nature d'un Etat qui maintient à son poste un haut fonctionnaire, représentant du gouvernement et du président de la République de surcroît, qui traîne autant de casseroles. L'incroyable dérive dans la conduite des affaires à El Tarf n'aurait pas connu l'ampleur qu'elle a prise, on parle de la disparition de plusieurs centaines de milliards de centimes, si les organes de contrôle de gestion avaient feint de montrer quelques désapprobations. Au contraire, à chaque fois que la gestion de la wilaya a été critiquée publiquement et que son premier responsable mis en cause, des parties ont été mises en branle pour dénigrer et discréditer leurs auteurs. Ainsi, on s'en souvient peut-être, aux six investisseurs qui ont dénoncé par voie de presse, à partir de Annaba parce qu'ils se sentaient menacés, le favoritisme dans la répartition des marchés publics et le racket organisé de l'administration locale, l'Association des entrepreneurs de la wilaya d'El Tarf, forte de 400 adhérents, selon son président, organise quelques jours plus tard une réunion pour déclarer qu'il n'y a pas de corruption à El Tarf et pour adopter « à l'unanimité » une pétition de soutien au wali dans laquelle il est élevé au rang de grand bâtisseur du développement. Pétition rendue publique à grand renfort de placards publicitaires bien entendu. Au début de cette année, alors que Djillali Aârar était souvent cité dans les enquêtes que menait la Gendarmerie nationale, c'est une pétition rappelant leur indéfectible soutien au chef de l'exécutif qui est signée et paraphée par la majorité des présidents d'APC, pour être ensuite adressée aux autorités centrales du pays. Lorsque Djillali Aârar est mis en cause par des articles qui relatent ses écarts, ce sont des organisations de la société civile qui apportent, avec l'apposition de leur cachet humide sur une pétition, le soutien de 40 000 adhérents, soit, s'est-on enorgueilli, le dixième de la population d'El Tarf. L'APW enfin, forte de 39 membres à majorité FLN, l'organe qui, par définition, contrôle l'exécutif local et qui dispose pour cela de tout un arsenal juridique, aurait pu freiner les dérives. Mais c'est sans compter avec l'état d'esprit qui prévalait à El Tarf qui légitimait la corruption parce qu'elle se pratique couramment dans les pays développés. Ainsi, lorsque le wali use de la tribune des sessions de l'APW pour accabler ses contradicteurs, il est longuement ovationné lorsqu'il fait des bilans par le biais d'élus métamorphosés en commerçants et entrepreneurs pendant leur mandature. Un seul d'entre eux, Lakhdar Belaïd, a eu le courage d'élever sa voix haut et fort pour se faire entendre à Alger. Il sera exclu de cette assemblée par un vote de ses pairs non sans avoir subi les pires foudres de l'administration qui est allée jusqu'à la destruction de la maison de ses enfants.