L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) demeure divisée face à l'évolution du marché mondial, après l'échec de la tentative de sceller un premier accord de gel de la production en 15 ans. Les tensions entre l'Arabie Saoudite et l'Iran se sont à nouveau exprimées lundi dernier à Vienne lors d'une réunion sur la stratégie à long terme. «L'Opep est morte», a confié un délégué de l'Organisation, cité hier par Reuters. A l'occasion de la dite réunion, les deux grands rivaux du Moyen-Orient ont affiché, encore une fois, leurs divergences. Pour le gouverneur iranien, Hossein Kazempour Ardebili, la raison d'être de l'Opep est de maîtriser les cours et qu'en conséquence une «gestion efficace de la production» doit être l'une de ses priorités à long terme. Cet avis est loin d'être partagé par son homologue saoudien, Mohamed Al Madi. «L'Opep doit prendre acte du fait que le marché a subi un changement structurel, comme le montre ce même marché, devenu plus concurrentiel que monopolistique», a déclaré Al Madi, selon plusieurs sources proches des discussions. «Le marché a évolué depuis la période de cours élevés de 2010-2014 et le défi que l'Opep doit à présent relever, et c'est vrai aussi pour les (producteurs) hors Opep, consiste à s'adapter à ses évolutions récentes», a-t-il encore affirmé. L'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, a longtemps défendu un objectif de cours, orchestrant hausses ou baisses de la production au sein de l'Opep, tout en fermant les yeux sur les écarts éventuels des pays membres. Riyad continue de maintenir sa vision alors que le marché pétrolier a changé ces cinq dernières années. Le développement de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis et au Canada et la contribution croissante à l'offre mondiale de la Russie, qui n'est pas membre de l'Opep, illustrent le fait que l'idée faisant du pétrole une ressource devenue rare n'est plus d'actualité. Dans un contexte marqué par la chute des prix, l'Arabie Saoudite juge plus avisé de privilégier la part de marché, préférant produire plus maintenant, même à bas prix, que vendre plus tard à des prix encore plus déprimés parce que la demande mondiale ne sera plus ce qu'elle était. Elle doit aussi faire face à des problèmes internes pressants, comme un déficit budgétaire qui a atteint l'an passé 15% du PIB. «L'industrie pétrolière n'est plus, toutes proportions gardées, une industrie de croissance», a expliqué l'une des sources, toujours cité par Reuters. Selon des sources saoudiennes, Riyad ne compte pas réduire sa production au profit des autres pays de l'OPEP. Un point de vue partagé par certains concurrents au sein de l'organisation. «L'Arabie Saoudite n'en a plus rien à faire de l'Opep ; c'est le pétrole de schiste américain, les sables bitumineux du Canada et la Russie qu'elle a en ligne de mire», a souligné une source de l'Opep, hors des pays du Golfe.