L'Algérie refuse de devenir un terrain de bataille pour n'importe quel courant idéologique, philosophique ou autre doctrine.» C'est en ces termes que le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a réitéré, lors de la visite qui l'a conduit dans la wilaya de Béjaïa avant-hier, l'attachement de l'Algérie à renouer avec l'islam de Cordoue. Mohamed Aïssa s'est exprimé à l'occasion de l'inauguration du Centre culturel islamique de Béjaïa, baptisé du nom de Kacem Naït Belkacem, où a été lancée une journée d'étude portant sur le thème de «L'islam, référent religieux national». Mohamed Aïssa a expliqué que «lorsque le ministère parle de retour au référent religieux algérien, cela ne veut pas dire que nous voulons algérianiser l'islam ni donner une autre lecture du Coran et de la Sunna». Mais, soutient-il, «il s'agit d'adapter la pratique religieuse aux valeurs culturelles et cultuelles de notre société et de nos origines amazighes. Cette dernière a donné, par exemple, une place importante à la femme dans la société contrairement aux pays qui l'asservissent, qui connaissent des guerres et égorgent à cause d'une vision radicale de l'islam». Afin de promouvoir l'«islam référent religieux national», le ministre a accepté d'institutionnaliser le Colloque international de Béjaïa qui traitera du dialogue des civilisations et des cultures ; il dira à ce propos : «Nous allons organiser une année entière de dialogue interconfessionnel qui se manifestera à travers une caravane culturelle et cultuelle qui jaillira de Béjaïa et sillonnera le pays.» Et de préciser : «Cette caravane sera conduite par des savants et intellectuels de Béjaïa et ceux des wilayas qui la recevront.» Pour le ministre, le choix de Béjaïa est légitime, car pour lui cette ville «est un rempart contre l'invasion sectaire et l'extrémisme. A mon sens, elle est même le dépositaire légal et l'héritière de l'islam de Cordoue, de la modération, de l'islam du juste milieu. Ce genre d'initiative fait de l'Algérie, aujourd'hui, une école visitée par les capitales du monde occidental et oriental pour diffuser la déradicalisation et le processus de prévention contre le radicalisme rampant». Aussi, afin de renforcer les nouvelles infrastructures religieuses en personnel encadreur, Mohamed Aïssa a déclaré que le président de la République a donné son accord pour augmenter le nombre de postes budgétaires à 1500, en plus des 500 que le ministère forme chaque année. Par ailleurs, le ministre s'est rendu dans la commune de Tamokra (Akbou) pour honorer l'érudit et l'un des fondateurs de la zaouïa Sidi Yahia El Aidli, cheikh Tahar Aït Aldjet. Agé de 103 ans, celui-ci s'est vu réhabilité par le ministre à la tête de la commission ministérielle des fatwas. Une enveloppe de deux millions de dinars sera dégagée par le ministère pour l'achèvement des travaux d'extension de l'école coranique de Tamokra, l'une des plus importantes d'Algérie. Lors de cette visite qui s'est achevée hier, Mohamed Aïssa a inauguré six mosquées et posé la première pierre pour la construction de deux autres, à Aokas et à Bir S'lam, à la sortie est de Béjaïa.