La grève entamée mercredi dernier s'est poursuivie, hier, pour la 4e journée consécutive à la société de fabrication des produits parapharmaceutiques (Socothyd) des Issers dans la wilaya de Boumerdès. Devant l'intransigeance des travailleurs qui revendiquent le départ du PDG qu'ils accusent d'avoir mal géré l'entreprise, une délégation du GEPHAC, l'organisme chargé de superviser le processus de privatisation, est allée, hier, à la rencontre des protestataires dans le but de désamorcer la crise. En fin de journée, les travailleurs attendaient encore que leurs interlocuteurs leur rendent les conclusions de l'entrevue, à partir d'Alger, après consultation de leurs supérieurs. Ils se disent décidés à aller jusqu'au bout de leur combat et leur porte-parole nous a déclaré, hier, qu'ils ont convenu de « descendre demain (aujourd'hui, ndlr) au siège du GEPHAC à Alger pour y manifester ». Le mécontentement des travailleurs est exacerbé par le rapport du commissariat aux comptes de l'entreprise qui relève nombre d'anomalies et irrégularités. Relevant un bénéfice net de 10,4 millions de dinars pour l'année 2005, sur un bilan d'un montant brut de 3,3 milliards de dinars, le constat souligne, cependant, que « les comptes de la Socothyd de l'exercice 2005 n'ont été présentés qu'à la fin du mois de mai 2006 ». Ledit commissariat attire également l'attention sur « les insuffisances qualitatives des travaux de la cellule d'audit » de l'entreprise. Dans le chapitre investissement, le commissariat aux comptes constate que quoiqu'elle soit en phase de privatisation, la société a poursuivi ses investissements en 2005 bien que cela « risque de ne pas être pris en charge dans l'évaluation à partir de laquelle les diverses décisions en la matière sont prises ». Au 31 décembre 2005, les investissements s'élevaient à plus de 138 millions de dinars, « mais n'ont pas fait l'objet d'inventaire parce que leur réception n'a pas eu lieu à ce jour ». Plus loin dans le document du commissariat, on lit que « les consommations relatives au carburant, pièces de rechange des matériels de transport et fournitures de bureaux comptabilisées pour des montants respectifs de 5,1 millions de dinars et 7 millions de dinars sont insuffisamment justifiées ». Pour ce qui est des stocks (dépôt ventes), qui sont toujours la propriété de la Socothyd et dont la valeur s'élève à plus de 32,8 millions de dinars, « leur inventaire de fin d'année n'a pas été réalisé » remarque le commissariat. Ce dernier relève, en outre, que les frais de mission se sont élevés, en 2005, à plus de 10 millions de dinars et que les ordres de mission examinés ne comportent pas d'une manière précise les dates de départ et de retour visées par les structures d'accueil. Factures non conformes Plus accablant encore, le rapport mentionne que « comme en 2004, en 2005 des transporteurs du personnel ont été payés sur présentation de factures établies sans respect des dispositions législatives et réglementaires (...) ce qui présente un risque de charges fiscales supplémentaires pour la Socothyd ». La direction générale de l'entreprise a pris l'initiative d'accorder, à la place de l'assemblée générale, une prime d'encouragement de 18 000 DA pour chaque travailleur alors que l'AG l'avait fixée à 5000 DA. Ainsi a-t-elle été « versée pour une somme globale de près de 11,3 millions de dinars et elle n'est, en outre, pas comptabilisée en charges ». Imputée au compte des avances du personnel, elle a permis de surévaluer le résultat bénéficiaire de la Socothyd, conclut le rapport. Evalués à quelque 7,8 millions de dinars, les frais divers (rémunérations des membres du conseil scientifique et dons de produits), « ces dons ont été facturés à tort et considérés comme chiffre d'affaires réalisé », souligne-t-on dans le rapport. Dans un autre chapitre, le commissariat relève que le montant global des créances contentieuses et litigieuses de l'entreprise s'élève à 103,7 millions de dinars. Abordant le dossier des comptes bancaires de la société (elle en a 4), l'expertise note que « les états de rapprochement de l'ensemble de ces comptes n'ont pas à ce jour été élaborés » et que « les relevés de comptes, hormis un seul, ne nous ont pas été présentés ». Compte tenu des facturations sans ventes, des charges non comptabilisées, des insuffisances dans les justificatifs et l'absence des états de rapprochement, le résultat de l'exercice 2005 présenté bénéficiaire de plus de 10,4 millions de dinars pourrait devenir déficitaire pour un montant approximatif de 140 millions de dinars, rapporte ledit document. Le commissaire certifie « l'exactitude des 10 plus fortes rémunérations annuelles versées par la société à ses cadres » et qui représente un total de plus de 11,7 millions de dinars, le détail oscillant entre 668 000 DA et 1,8 million de dinars.