L'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'Homme, Amnesty International, a appelé, hier, les autorités algériennes à cesser "leurs tentatives visant à museler les manifestants pacifiques", tout en leur recommandant d'annuler les poursuites engagées contre les militants pour la défense des droits des chômeurs au sud du pays. Dans une déclaration rendue publique à la veille du procès de quatre militants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), prévu à compter d'aujourd'hui à Ouargla, Amnesty International demande aux autorités algériennes d'abandonner "immédiatement" ces poursuites, surtout que les concernés risquent jusqu'à un an de prison pour avoir manifesté pacifiquement contre le chômage à Hassi Messaoud. "Emprisonner ces militants pour avoir pris part à des manifestations pacifiques serait une grave atteinte au droit à la liberté d'expression et de réunion. Leur seul ‘crime' est d'avoir revendiqué les droits des chômeurs. Ils ne devraient même pas être jugés et, encore moins, condamnés à une peine d'emprisonnement. Les accusations portées à leur encontre doivent être abandonnées immédiatement", a, d'ailleurs, martelé la directrice adjointe du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, Magdalena Mughrabi, sur le portail électronique de l'organisation. Amnesty International les considérerait comme des prisonniers d'opinion "s'ils sont emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique", insiste l'organisation, qui rappelle la nature légitime des revendications des manifestants qui, relève-t-elle, demandent aux compagnies pétrolières et gazières basées à Hassi Messaoud — y compris des filiales de Sonatrach — d'employer plus d'Algériens issus du sud du pays. L'organisation des droits de l'Homme, qui note que "le procès commence dans un contexte de répression des manifestations pacifiques à travers le pays", constate que les autorités algériennes "semblent recourir de plus en plus à des poursuites pénales comme moyen de faire taire les manifestants". "Plutôt que d'emprisonner les militants pacifiques, les autorités devraient répondre à leurs demandes", recommande, d'ailleurs, Magdalena Mughrabi, qui considère que "la recrudescence de la répression ne constitue pas une réponse à la montée du chômage ou à la dégradation de la situation économique, qui est exacerbée par la baisse des prix du pétrole". Pour l'organisation des droits de l'Homme, les autorités algériennes "s'appuient sur un arsenal juridique répressif pour étouffer la dissidence", rappelant, à ce propos, l'interdiction toujours en vigueur des rassemblements et manifestations publics dans le pays. Cité par Amnesty International comme un des exemples de cette répression exercée par les autorités, Tahar Belabes est un des militants appelés à la barre ce jeudi, lui, l'ancien employé d'une des filiales de Sonatrach à Hassi Messaoud, et qui a été licencié en février 2015. Et si la justice reproche, à lui et à ses amis, d'avoir participé aux manifestations contre le gaz de schiste, Amnesty International, elle, les considère, d'emblée, comme des prisonniers d'opinion. "Plusieurs personnes, y compris les membres du CNDDC, ont été poursuivies pour leur participation dans ces manifestations. Sept manifestants purgent des peines d'emprisonnement d'un an à Tamanrasset pour avoir manifesté contre le chômage, l'exploitation du gaz de schiste et pour la défense des droits des travailleurs dans les sociétés minières opérant dans la région en décembre 2015", rappelle d'ailleurs l'organisation des droits de l'Homme. H. Saïdani