Des manifestants arboraient des pancartes sur lesquelles était écrit «Liberté d'expression» ou encore «Tous solidaires avec El Khabar». Plusieurs dizaines de personnes ont observé un rassemblement place des Victoires, à Oran, en signe de solidarité avec El Khabar. Après les attaques en règle que subit ce groupe de presse de la part du ministère de la Communication, citoyens, journalistes, militants des droits de l'homme et membres de la société civile ont tenu à se rassembler pour dénoncer les tentatives de museler la presse libre. Etudiants, salariés tout juste sortis du travail, avocats, retraités, hommes, femmes, la foule ne fait qu'un pour porter le combat pour la défense de la liberté de parole chèrement acquise. Parmi les premiers arrivés sur la place, plusieurs dizaines de journalistes, des étudiants dont certains aspirent à être journalistes. «C'est bien, je suis agréablement surpris, c'est impressionnant de voir autant de monde», se réjouit un journaliste arrivé sur la place dès 13h. «On ne fera pas taire la presse libre», estime un manifestant. «La presse algérienne vient de vivre un des jours les plus noirs de son histoire», déplore-t-il, dénonçant «une prise de contrôle autoritaire et arbitraire orchestrée par le pouvoir». «L'existence de la presse libre est importante et il est absolument fondamental de lutter pour ce droit élémentaire», estime ce journaliste. Des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles est écrit «Liberté d'expression» ou encore «Tous solidaires avec El Khabar». Ils se tiennent là, debout, silencieux. «Je suis El Khabar», peut-on lire sur d'autres pancartes. Certains manifestants ont symboliquement scotché leurs lèvres en signe de dénonciation des basses manœuvres visant à réduire la presse libre au silence. Devant le monument symbolisant les Victoires, le militant des droits de l'homme Messaoud Babadji s'est adressé à la foule : «Il faut résister aux tentatives de bâillonner la presse libre. Si nous sommes rassemblés, c'est pour défendre cette valeur universelle.» «Désormais, nous allons symboliquement baptiser cet endroit place des Libertés», propose-t-il. «On ne peut pas, en Algérie, admettre de bâillonner la presse. Les médias doivent rester libres. Nous continuerons à défendre le droit à la parole libre. Il en va de notre liberté à tous», affirme de son côté Chadly Mohamed Benguesmia, du Comité d'initiatives et de vigilance citoyennes (Civic). Les représentants de la profession sont venus en masse pour se solidariser avec le groupe El Khabar. Certains manifestants brandissent la célèbre une d'El Khabar sur laquelle figure un portrait du défunt Omar Ourtilane, assassiné il y a 21 ans par des terroristes islamistes. En manchette, on pouvait lire : «Nous n'allons pas abdiquer». «Nous sommes tous concernés, la liberté de la presse est une affaire citoyenne, pour autant, ce n'est pas un rassemblement corporatiste. Le plan visant à fermer El Khabar est une attaque contre l'Algérie libre, l'Algérie démocratique», dénonce un manifestant.