Le parcours du défunt est long, et même très long, puisqu'il remonte à la création du Front Polisario (Front de libération du Sahara occidental) depuis sa création le 10 mai 1973. Un moment historique contrarié par l'invasion marocaine deux années plus tard, en novembre 1975. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario est décédé des suites d'une longue maladie, a annoncé hier l'ambassade de la RASD à Alger. Mohamed Abdelaziz, qui a succédé à El Ouali Mustapha Sayyed, mort au combat en 1976, ne pourra donc pas poursuivre la lutte du peuple sahraoui, qui dure depuis près d'un demi-siècle, pour le recouvrement de ses droits nationaux. Toutefois, le parcours du défunt est long, et même très long, puisqu'il remonte à la création du Front Polisario (Front de libération du Sahara occidental) depuis sa création le 10 mai 1973. Un moment historique contrarié par l'invasion marocaine deux années plus tard, soit en novembre 1975. C'est donc le début de la lutte armée contre le nouvel occupant, une phase soutenue par l'écrasante majorité des pays de la planète, s'agissant d'une question de justice, qui plus est soutenue par l'ONU, qui avait inscrit le Sahara occidental sur sa liste des pays et territoires non autonomes. L'ONU n'a jamais renié ses positions, puisqu'à travers le processus de paix qu'elle parrainera, toutes ses résolutions auront pour référents les appels rappelant avec force qu'il s'agit d'une question de décolonisation. Mohamed Abdelaziz a bien dirigé la lutte armée de son peuple, mais il n'en a par contre jamais fait une fin en soi. Il a siégé par conséquent à la table des négociations avec la puissance d'occupation, jusqu'à la conclusion d'un accord de paix en 1990. Ce fut un succès majeur pour le peuple sahraoui dont l'Etat est reconnu internationalement, la RASD étant par ailleurs membre fondateur de l'Union africaine (UA) en 1999. C'est cet accord conclu après d'âpres négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui sera ensuite endossé par l'ONU une année plus tard, devenant même le sien. Le Maroc reconnaissait donc le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, et donc le choix entre l'indépendance totale et le rattachement au Maroc. Une phase décisive contrariée par le refus du Maroc d'appliquer le plan en question. C'est là justement qu'apparaît le leadership du défunt Mohamed Abdelaziz, qui a fait preuve à la fois d'intransigeance et de souplesse. Pas question de renoncer aux droits nationaux du peuple sahraoui, mais sans abandonner la voie diplomatique. Il fallait, laissait-il entendre, épuiser tous les moyens, et on se rend compte de quelle manière, la question sahraouie est sortie de l'oubli et que désormais elle s'impose d'elle-même. On a vu dernièrement comment avait réagi la Cour de justice européenne ne s'opposant pas par ailleurs à la démarche entreprise auprès d'elle par le Front Polisario. Ou encore, la décision américaine d'exclure les territoires sahraouis de la zone de libre-échange Etats-Unis-Maroc. Une gifle pour ce dernier, qui a déployé des moyens considérables pour faire entériner son occupation du Sahara occidental. Plus que cela, la défaite marocaine est totale pour n'avoir pu faire des Sahraouis de bons sujets. Lors des négociations Maroc-Front Polisario entamées à Londres en 1997, tout a été dit avec une extrême précision et l'ONU en prendra acte lors d'un vote du Conseil de sécurité en 1995, déjouant une manœuvre marocaine en vue d'élargir le corps électoral sahraoui. La boucle est ainsi bouclée, et elle le sera encore plus avec la situation dans les territoires occupés où, constate-t-on, le sentiment indépendantiste n'a jamais été aussi fort. Ce sont ces périodes-là que le défunt leader sahraoui a dirigées ou encouragées. Un parcours remarquable avec une internationalisation de fait de la question du Sahara occidental.