Selon la plaignante, les accusations concernant à sa possession de biens immobiliers sont «sans fondement». «Les photos (publiées par le quotidien, ndlr) montrent des immeubles qui sont la propriété de l'AADL, des coopératives avec lesquelles je n'ai aucune relation», précise Louisa Hanoune. Le verdict dans l'affaire de diffamation opposant Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) au quotidien Ennahar, a été mis en délibéré, hier par le juge du tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs (Alger) Hamid Bourezg, pour le 15 juin prochain. Le parquet a requis une amende de 50.000 dinars à l'encontre du quotidien arabophone. La partie civile a demandé un dinar symbolique et la publication du jugement à la une d'Ennahar et dans trois autres journaux (El Khabar, El Watan et Liberté). La secrétaire générale du PT a déposé plainte suite à la publication par Ennahar d'un article, le 24 décembre 2014. A l'ouverture du procès, Mme Hanoune a dénoncé une atteinte à son honneur et à celui de sa famille et des cadres de son parti : «L'article est une atteinte à mon honneur, c'est de la diffamation et de l'insulte. Des accusations infondées portent sur ma possession de biens et sur mon autoritarisme dans le parti qui m'a renouvelé sa confiance à l'occasion du dernier congrès.» Selon la plaignante, les accusations sur sa possession de biens immobiliers sont «sans fondement». «Les photos (publiés par le quotidien, ndlr), montrent des immeubles qui sont la propriété de l'AADL, des coopératives avec lesquelles je n'ai aucune relation», précise Mme Hanoune, qui dément aussi que son frère et son beau-frère, cités nommément, soient propriétaires de biens comme allégué par le quotidien. Selon elle, le premier, membre d'une EAC, a bénéficié légalement d'un contrat de concession, alors que le second a hérité d'une assiette de terrain sur lequel n'ont pas été construits des coopératives immobilières et les hôtels Sabri et Rym El Djamil. Les attaques virulentes du quotidien arabophone ont touché la Mme Hanoune, ses proches résidant à Annaba, mais aussi des cadres du parti, à l'instar du député de Guelma, Smain Kouadria, dont le fils est accusé d'avoir monté, via l'Ansej une agence de communication et d'avoir obtenu des marchés grâce aux entrées dans l'administration locale de son père, syndicaliste au complexe sidérurgique El Hadjar. Mme Hanoune rappelle que les personnes mises en cause ont déposé plainte à Annaba et ont eu gain de cause. Liberté de la presse VS insultes Se défendant de vouloir porter atteinte à la liberté de la presse, la plaignante dénonce «l'acharnement» à son encontre : «C'est une campagne contre ma personne. Si les attaques ont concerné les positions du parti, nous n'aurions pas réagi, puisque notre parti qui est agrée a toujours défendu la liberté de la presse.» L'avocat de la partie civile, Mokrane Aït Larbi, qui a dénoncé l'usage illégal par le journaliste de l'enregistrement des appels des personnes citées dans son article, commence par affirmer que la presse est libre à condition de ne pas attenter à l'honneur des personnes : «La presse d'investigation a ses règles. Le journaliste ne dont être ni être juge, ni officier, ni accusateur. Il doit s'appuyer sur des faits avérés.» Il précise que le qualificatif de «bourgeoise» accolé dans l'article à la passionaria n'est guère approprié, puisque Mme Hanoune est une vieille militante de gauche et que ses positions contre les nouvelles puissances de l'argent sont à l'origine de ses déboires. S'appuyant sur les articles 92 et 93 de la loi sur l'information, l'avocat de la plaignante affirme que tous les éléments constitutifs du délit diffamation sont réunis (le caractère public et l'intention délictuelle). Le juge, Bourezg Hamid, a rappelé à l'ordre le journaliste d'Ennahar, Bilel Kebache, arrivé en retard à l'audience avec son avocat et sans la directrice de la publication, Souad Azzouz. «Tu baisses le ton, tu n'es pas dans une conférence de presse», a lancé le juge à l'intention du journaliste auquel il a ordonné de ne pas invectiver en audience Mme Hanoune. Hadji Ahmed, avocat de la défense conteste, dans sa brève plaidoirie, les éléments de la diffamation et rappelle, sans trop convaincre, que la plaignante aurait pu recourir à d'autres moyens de défense, à l'instar des mises au point. Mme Hanoune a déposé une autre plainte contre la chaîne de télévision du même groupe sur laquelle la justice va statuer le 28 juin.