«Le secteur de l'éducation a des caractéristiques telles qu'obliger un enseignant à travailler jusqu'à 60 ans équivaut à une baisse significative de son rendement», estime le porte-parole de l'Unpef. La retraite pour tous à 60 ans. Tandis qu'une commission sera chargée d'unifier les conditions de départ à la retraite, les syndicats sont quelque peu partagés quant à cette mesure-phare de cette dernière tripartite. «Il est inacceptable que l'on remette en cause les acquis sociaux des travailleurs algériens», s'insurge Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). «Cette disposition quant au départ à la retraite indépendamment de l'âge est justifiée par la réalité du terrain. Certains corps de métiers, tels la médecine ou l'enseignement, sont usants et stressants», affirme-t-il. «Dans ces cas-là, prendre sa retraite est une échappatoire pour ne pas sombrer, pour ne pas développer de maladies chroniques et autres maux physiques et mentaux», ajoute M. Meriane. Même son de cloche du côté de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), dont le porte-parole, Messouadi Amraoui, juge que certains secteurs seront plus durement touchés que d'autres par cette mesure. «Le secteur de l'éducation a des caractéristiques telles qu'obliger un enseignant à travailler jusqu'à ces 60 ans équivaut à une baisse significative de son rendement. Et ce sont les élèves qui en pâtiront le plus», insiste-t-il. Selon lui, «travailler jusqu'à 60 ans et au-delà des 25 et 33 années d'exercice requis doit être un choix», poursuit-il. Les syndicats autonomes ne sont pas tous contre cette décision. «Cela devient un luxe», estime ainsi pour sa part le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP). «Au vu de la situation de crise que vit le pays, c'est une mesure logique et salutaire, qui permettra d'atténuer les déficits de la CNR. Mais l'effet de la décision ne pourra être que temporaire, si cela n'est pas accompagné de la mise en place d'une réelle économique productive», juge-t-il. Toutefois, au-delà de cette simple décision, il est indispensable, dit-il, que les pouvoirs publics se penchent sur les raisons qui poussent les travailleurs à mettre un terme à leur carrière. «Dans le secteur médical, où 80% des praticiens sont des femmes, nous assistons chaque année à des milliers de départs à la retraire anticipée, parce que la pénibilité du travail et les conditions d'exercice sont telles qu'elles préfèrent rester à la maison ou travailler quelques heures dans le secteur privé», explique le Dr Merabet, qui déplore cette «hémorragie de compétences». Pour ce qui est des causes invoquées quant à la nécessité de cette mesure, M. Meriane est d'avis que des décisions plus efficaces existent. «Il serait plus juste de revoir les montants des retraites des hauts cadres de l'Etat ou encore maîtriser les évasions fiscales et sévir contre les patrons qui fraudent dans les cotisations de leurs employés. Il existe d'autres mécanismes pour renflouer les caisses de l'Etat, autres que de venir encore une fois rogner les acquis des travailleurs», conclut-il.