Le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou a abrité, vendredi dernier, la 9e Journée de pédiatrie ayant pour thème «Les enjeux et spécificités de la prise en charge du nouveau-né». Des communications spécialisées ont été présentées par des praticiens de la santé publique qui ont mis l'accent sur la nécessité de réduire la mortalité néonatale et assurer des soins de qualité aux nouveau-nés présentant des problèmes dus à des complications de la grossesse et de l'accouchement, telles que la détresse respiratoire. «Quand la prise en charge du nouveau-né n'est pas adéquate, c'est sa vie qui est en jeu», a alerté le Pr N. Bensaâdi, chef de service néonatalogie du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou. Abordant l'épidémiologie du syndrome de détresse respiratoire au sein de cette structure de santé, elle a souligné que sur 878 nouveau-nés hospitalisés durant l'année 2015, au service de néonatologie du CHU de Tizi Ouzou, 290 présentaient une détresse respiratoire, soit une incidence hospitalière de 30%, avec un sexe ratio de 72% pour les garçons et 28% pour les filles. Le facteur de risque relevé sur la base d'une enquête rétrospective effectuée sur les dossiers reçus au sein du même service fait ressortir 73% des accouchements par césarienne contre 27% par voie basse. Analysant les facteurs associés, le Pr Bensaâdi a commenté : «La pathologie hypertensive représentait 18% des cas, dont 14% de pré-éclampsie (hypertension artérielle gravidique qui apparaît dans la deuxième moitié de la grossesse, Ndlr). Le diabète maternel a été constaté dans 3% des cas, 15% des cas une notion de la teinte. Le score d'Apgar bas (évaluation de la vitalité d'un nouveau-né au moment de sa naissance, Ndlr) concernait 36% des nouveau-nés et la grossesse gémellaire était de 13% (dont 2 morts in-utéro du jumeau)». Aussi, 12% des cas ont présenté une aggravation secondaire, et dans 15 % des cas augmentation des besoins en O2 malgré des signes de rétraction modérés. L'évolution favorable était de 92 % et les séquelles ne dépassaient pas 3 % (2 patients gardent une oxygénodépendance). En outre, le Pr Bensaâdi a fait savoir que les décès, durant l'année considérée, au sein du service de néonatalogie du CHU de Tizi Ouzou, étaient de l'ordre de 5 %. Il s'agit de prématurés et de nouveau-nés à terme présentant des malformations ou des poumons blancs à l'admission, avec défaillance multi viscérale. Service de néonatalogie non mitoyen de la maternité, nouveau-nés présentant des critères de gravité ou plusieurs problèmes à la fois, dossier obstétrical souvent méconnu, sont parmi les contraintes soulevées par le chef de service de néonatalogie du CHU de Tizi Ouzou. «La prise en charge entamée en salle de naissance est souvent non rapportée, souvent hétérogène, trop tardive, inadaptée. Il y a également absence de surveillance paramédicale spécifique», a déploré le Pr N. Bensaâdi. Pour y remédier, elle a préconisé la «nécessité d'améliorer nos compétences, contacter le service d'accueil, réunir les données obstétricales ainsi qu'une prise en charge adaptée à la situation». Les problèmes liés à la prise en charge du nouveau-né sont communs à toutes les wilayas, selon des intervenants. «Pour améliorer la prise en charge du nouveau-né, il y a tout un programme et un matériel adéquat à mettre en place dans les maternités. Nous enregistrons beaucoup de prématurés et de décès. La prise en charge doit commencer dès la conception», a fait remarquer un chef de service exerçant au CHU d'Oran. «Beaucoup reste à faire en matière de prise en charge de nouveau-né en Algérie. En cause, un manque criant en matériel de réanimation et en personnel médical spécialisé», dira une gynécologue.