L'unité de néonatalogie de l'hôpital de Beni Messous enregistre 10 000 naissances par an La néonatologie est le parent pauvre du système de santé en Algérie, regrettent les spécialistes. Toutes les structures d'accouchement dans les CHU ou maternités enregistrent des cas de nouveaux-nés à risque. Outre les prématurés, les asphyxies constituent les accidents évitables dans ces structures de santé. Pour le Pr Haridi, médecin en chef à l'unité de néonatologie du CHU Beni Messous, les IMC, dont l'incidence est de 3 pour 1000 naissances en Algérie, sont évitables pour peu que l'on améliore la prise en charge des nouveaux-nés en difficulté. Le peu d'unités de néonatologie et les services de maternité ne sont pas assez équipés pour justement faire face à des prématurés et des asphyxies néonatales qui exposent les bébés à des complications cérébrales sources d'handicaps à long terme. Elle a signalé que la maternité de Beni Messous enregistre chaque année 10 000 naissances soit 45 naissances par jour et 10 à 15/1000 des nouveaux-nés souffrent d'asphyxie néonatale. «33% d'entre eux garderont des séquelles à vie car mal pris en charge ou absence de réanimation respiratoire», a-t-elle indiqué et de préciser que l'unité néonatale est la même depuis des années. «Ces accidents surviennent malgré un bon suivi de la grossesse mais souvent des parturientes arrivent en catastrophes, en souffrances fœtales après avoir, dans certains cas, fait plusieurs accouchements. En l'absence d'une prise en charge adéquate avec un matériel adapté, des bébés naissent malheureusement dans des conditions difficiles et garderont des séquelles irréversibles», regrette-t-elle. Les prématurés, a-t-elle souligné, qui représentent un nombre important, entre 10 et 12% des naissances vivantes, posent sérieusement un problème de prise en charge. «Même si on arrive à réduire le taux de mortalité, il est toujours difficile de leur éviter un handicap cérébrale redoutable», a-t-elle précisé. A notre question de savoir s'il y a une possibilité de prévenir cette grande prématurité (grossesse inférieure à 32 semaines), le Dr Haridi affirme que des moyens thérapeutiques existent comme les corticoïdes et d'autres formes de médicaments tels que le Surfactant. Il est clair, a-t-elle encore souligné, en l'absence d'une prise en charge précoce, un enfant prématuré sur deux évolue vers une IMC. Une étude du suivi de ces d'enfants, signale le Pr Haridi, a montré que 33% de ces enfants sont en échec scolaire puisqu'ils gardent encore des troubles notamment pour tout ce qui est lié au raisonnement et cela se complique vu l'absence de classes adaptées. Le Pr Haridi, qui prend à bras le corps ce problème de néonatalité depuis des années, plaide pour la création d'un centre de dépistage et de prise en charge de ces nouveaux-nés à risque. Ce qui permettra de dépister à temps toutes les anomalies motrices dans les premiers mois de naissance (trouble du langage, de l'audition, autisme etc.). Comme il appelle aussi à la mise en place d'un programme national de périnatalité cohérent qui sera réellement appliqué sur le terrain.