Abderrahmane Benkhalfa a été remplacé au ministère des Finances par Hadji Baba Ammi, son ex-ministre délégué au Budget, et ce, un an à peine après sa prise de fonction. L'opposition parlementaire ne pleurera pas le départ de Benkhalfa du gouvernement. Au contraire. C'est un grand «ouf» de soulagement qu'elle va pousser. Accusé d'avoir favorisé le blanchiment d'argent au lieu de s'attaquer à l'effarante question de l'évasion fiscale, ce désormais ex-argentier du pays a fait l'unanimité contre lui lorsqu'il a endossé le projet de loi de finances 2016. Un projet ayant suscité la colère et des remous. Hier, lors de la cérémonie de passation de pouvoir entre le nouveau ministre des Finances Hadji Baba Ammi et M. Benkhalfa, ce dernier a estimé qu'il quittait le gouvernement avec «l'esprit du travail accompli». «Je pense que j'ai apporté une valeur ajoutée au secteur, que ce soit en matière de politique financière, de consolidation budgétaire, ainsi qu'en matière de mobilisation des ressources par tous les moyens». Constat que réfutent bon nombre d'experts qui souhaitaient et revendiquaient un changement à la tête de ce département… Qui est le nouveau ministre ? M. Baba Ammi occupait depuis 2014 le poste de ministre délégué au Budget et de la Prospective. Né en 1944 à Beni Isguen (Ghardaïa), Hadji Baba Ammi est titulaire d'un diplôme d'ingénieur-économiste de l'Ecole nationale polytechnique. En prenant hier ses fonctions, il a salué le travail de son prédécesseur tout en avançant que le ministère des Finances était appelé à jouer un rôle primordial dans le nouveau modèle de croissance économique avalisé lors de la réunion de la tripartite tenue il y a une semaine. «Nous allons jouer un rôle moteur dans ce modèle durant les trois prochaines années, en termes de consolidation budgétaire notamment, et ce, pour que notre pays arrive à devenir une économie émergente à l'horizon 2030», a-t-il affirmé en présence des directeurs centraux de son ministère, des responsables de banques et de compagnies d'assurance. Selon le nouveau premier argentier du pays, le nouveau modèle économique engagé par le gouvernement permettra un passage du financement budgétaire au financement tiré du marché. M. Baba Ammi s'est engagé à poursuivre les réformes au niveau des directions générales, respectivement du budget, des impôts et des douanes et surtout celle des Domaines, laquelle accuse, a-t-il admis, un «retard très important». Il a aussi salué la désignation d'un ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers. Il a alors considéré que la création d'un tel portefeuille confié à Boudiaf Mouatassem constituait «un message très fort du président de la République pour relancer ce secteur qui a cumulé beaucoup de retard.» M. Baba Ammi a démarré sa carrière professionnelle en 1969 comme ingénieur à l'ex-Sonacome, où il avait occupé plusieurs postes de responsabilité jusqu'à 1981. Par la suite, il a dirigé des entreprises relevant des secteurs industriels et a également occupé des postes de haut rang dans plusieurs ministères. Il a aussi exercé entre autres activités dans le secteur financier national.