Le contenu du projet de décret portant cahier des charges relatif à la création des chaînes de télévision privées est-il positif ? Favorisera-t-il l'émergence d'un audiovisuel de qualité, tant attendu ? Après la révélation des grandes lignes de ce document élaboré par l'Exécutif et adopté par l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV), les responsables des chaînes privées se gardent d'émettre des commentaires sur ses clauses. Ils sont pratiquement tous dans l'expectative. Pourtant le texte pourrait les contraindre à effectuer une révolution dans l'organisation interne de leurs médias respectifs. Seul le directeur de Dzaïr TV, Mohand Hakem, a accepté de commenter la nouvelle de la finalisation du cahier des charges qui permettra, enfin, aux chaînes privées algériennes d'avoir une existence légale. «Nous n'avons cessé de réclamer, depuis des années, la mise en place d'une autorité de régulation de l'audiovisuel et l'élaboration d'un cahier des charges. Ce dernier est un document de référence qui permet à tous les acteurs de savoir ce qu'il faut faire», précise Mohand Hakem. Selon lui, le contenu de ce cahier «définit les grands principes, dont l'utilisation des langues nationales, la nécessité de privilégier la production nationale ainsi que le respect de la déontologie». Seule la clause relative à l'actionnariat, ajoute-t-il, peut poser problème. «Mais je pense que tous les opérateurs vont finir par s'y conformer.» «En tout cas, cela peut nous permettre d'évaluer l'expérience actuelle et d'avancer vers un meilleur rendement. C'est beaucoup mieux que le flou actuel qui est préjudiciable à tout le monde», indique-t-il, précisant que l'absence d'un cahier des charges «a pénalisé certaines chaînes plus que d'autres». «Des points positifs» Expliquant qu'il est encore difficile de faire une analyse sérieuse sur ce projet avant sa promulgation, Belkacem Mostfaoui, enseignant universitaire, relève certains points qu'il qualifie «de positif». «Je voudrais noter quatre points à partir de ce qui a été rapporté. Le premier est que l'ARAV sera chargée exclusivement de gérer le domaine et l'activité audiovisuelle. C'est cette instance qui va veiller au respect des clauses du cahier des charges et non pas le ministère de la Communication», déclare-t-il. Et d'ajouter : «Cela pourrait être utile. Si l'Autorité de régulation a une certaine autonomie vis-à-vis de l'Exécutif (gouvernement et ministère de la Communication), cela peut être une bonne chose.» L'autre point positif relevé par notre interlocuteur concerne les actionnaires dans toutes les entreprises audiovisuelles qui doivent être de nationalité algérienne. «Cette mesure peut être positive dans le cas où les capitaux étrangers n'ont pas le droit d'accès dans ce domaine de la production d'information. A cela, il faut noter aussi la présence des professionnels dans le staff des actionnaires qui est posée comme une condition à la création des chaînes», enchaîne-t-il. Belkacem Mostefaoui qualifie aussi d'important le fait «de doter l'ARAV de pouvoirs lui permettant de veiller au respect des règles universelles». «Mais la réalité actuelle ne prête pas à l'optimisme. Il y a trois personnes, le directeur de KBC, une dame haut fonctionnaire du ministère de la Culture et un autre cadre de KBC qui sont en prison. Pourtant ce ne sont pas des hors-la-loi», rappelle-t-il.