Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a invoqué le « devoir de précaution » pour justifier le retrait de badges à 72 employés de l'aéroport de Roissy soupçonnés d'appartenir à la mouvance islamique. « Chaque fois qu'on retire un badge, c'est parce qu'on a des éléments qui nous le permettent », a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur en marge d'une visite aux chauffeurs de bus du dépôt de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Nicolas Sarkozy a jugé « parfaitement normal que les services de police fassent des enquêtes » et « n'habilitent que les gens pour lesquels nous avons des certitudes ». « D'ailleurs, si ce n'était pas un problème, il n'y aurait pas d'habilitation, ce n'est pas un lieu neutre, une plate-forme aéroportuaire. » La majorité des 72 personnes qui se sont vu retirer leur badge depuis le mois de mai 2005 serait liée à la mouvance islamiste, a annoncé jeudi le sous-préfet de Roissy, Jacques Lebrot. L'un des employés aurait notamment été en « contact suivi » avec une personne qui était « en contact direct avec Richard Reid », ce Britannique qui avait dissimulé des explosifs dans ses chaussures, lors d'un vol Paris-Miami le 22 décembre 2001. Parmi les autres employés, « une petite dizaine » de personnes seraient proches d'organisations terroristes liées aux Tigres tamouls, la rébellion séparatiste du Nord sri-lankais. Parmi les 72 employés, figurent par ailleurs « plusieurs syndicalistes », a par ailleurs précisé le sous-préfet. Au total, près de 200 cas ont été examinés par la préfecture de Seine-Saint-Denis. Onze salariés ont introduit un recours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) qui devrait être examiné le 10 novembre. Une plainte pour discrimination a été déposée le 19 octobre par le syndicat CFDT des transports auprès du procureur de Bobigny qui a ouvert une enquête le jour même. De son côté, la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), saisie par un des salariés, a décidé, vendredi 27 octobre, d'engager une procédure.