Le comédien Farouk El Fichaoui estime que les actrices ne devraient pas porter le hidjab à l'écran. Farouk El Fichaoui, qui est présent sur la scène arabe du cinéma et de la télévision depuis plus de 35 ans, refuse de prendre n'importe quel rôle. Depuis, Alwan assma as Sabaa (les sept couleurs du ciel), en 2007, il n'a pas campé de personnage au cinéma. Mais il est toujours présent dans les dramas télévisés. «J'aime quand le premier rôle est partagé par plusieurs acteurs. C'est motivant. Il faut reconnaître que le cinéma égyptien passe par une crise grave qui est antérieure à la Révolution. Les cinéastes ont été forcés d'accepter un seul genre de film. Les propriétaires des salles se sont arrogé le droit de décider de la distribution des films et ont dicté leurs conditions aux producteurs. C'est un monopole que nous refusons. Aussi, je ne veux pas jouer dans un film qui ne me plaît pas», a déclaré le célèbre acteur égyptien lors d'une conférence de presse, lundi après-midi à l'hôtel Royal d'Oran. Il rêve d'interpréter le rôle du père Hilarion, un chrétien syrien, qui fut désigné par le Vatican comme ambassadeur à Jérusalem et qui fut parmi les premiers à refuser de lier l'islam au terrorisme. Farouk El Fichaoui est connu pour ses positions pro-Révolution du 25 janvier et pour avoir soutenu la candidature de Hamdine Sabahi contre Abdelfath Al Sissi lors des élections présidentielles de 2014. «Je suis contre le pouvoir des militaires. Je respecte le président Al Sissi. Ce dernier est un héros qui nous a sauvés du chaos. S'il avait échoué, les potences auraient été dressées dans la rue. Ma position politique ne changera pas. Je souhaite que le prochain président de l'Egypte soit un civil», a-t-il soutenu. Il a accusé les Frères musulmans d'avoir détourné la Révolution de 2011. «Il est encore trop tôt pour évaluer la glorieuse Révolution du 25 janvier 2011. La Révolution du peuple égyptien avait trois objectifs importants au début : la dignité, la liberté et la justice sociale. En infiltrant le mouvement, les Frères musulmans en ont fait une révolte pour le pain. Ce qui est faux. Ils ont donc remplacé la dignité par le pain pour réduire de la valeur de la Révolution», a-t-il souligné, ajoutant qu'il reste attaché aux revendications de cette Révolution. Des révendictions qui, selon lui, n'ont pas encore été réalisées. «Les pauvres souffrent toujours et ceux qui ont pillé le pays sont encore en liberté», a-t-il appuyé. Il a estimé que le terrorisme est devenu un phénomène mondial traité par le cinéma. «Un terrorisme qui touche aujourd''hui ceux qui étaient derrière sa création et ceux qui nous ont accusés de le porter. Nous avons toujours dit qu'il existe chez nous des radicaux religieux, qui ne sont pas forcément des terroristes. Même dans les autres religions, il y a des extrémistes», a soutenu l'artiste égyptien. Selon lui, l'histoire de l'Egypte ne peut pas être réduite à ce que raconte son cinéma. Farouk El Fichaoui répondait à une déclaration de Adel Imam, qui a soutenu que celui qui veut connaître l'Histoire de l'Egypte n'a qu'à voir ses films. «Il faut croire en l'art comme on croit à Allah. Il n'y a pas de contradiction. L'art est une responsabilité. Il faut donc faire preuve de sincérité. Je suis opposé à ce que les comédiennes portent le hidjab à l'écran. Si elles le mettent, elles n'ont qu'à rester à la maison», a-t-il dit. Des propos qui ont déjà suscité un début de polémique en Egypte.