Les habitants du bidonville d'El Merdja, une excroissance de la localité de Guettar El Aïch, dans la commune d'El Khroub, ont fermé pendant toute la journée de mardi la RN3, reliant Constantine à Batna, via Aïn M'lila, pour dire non à la démolition de leur bidonville. Ce mouvement de protestation se voulait une action d'anticipation des habitants, après l'opération musclée de destruction, jeudi dernier, d'un bidonville de 35 maisons, au lieudit Quatre-Chemins, près d'Ali Mendjeli. Le bidonville d'El Merdja est né il y a environ quatreans en une seule nuit, est-on tenté de dire. Des centaines de constructions en parpaings sont apparues aux abords de la route nationale, longeant l'oued, faisant penser à une action concertée pour mettre l'Etat devant le fait accompli. De toute évidence, les locataires du bidonville sont pour la plupart étrangers à Guettar El Aïch et même à la wilaya. Le mouvement de mardi passé a pris de l'ampleur et a duré environ 24 heures. Les usagers de la route étaient contraints de faire un grand détour par El Khroub, via Salah Derradji, avant de reprendre l'axe au niveau d'El Gourzi. Les habitants n'ont libéré la route qu'après l'intervention, hier matin, des services de la commune et la Gendarmerie nationale. Un impressionnant dispositif sécuritaire a été dépêché sur les lieux. Des dizaines de fourgons blindés de la gendarmerie, environ 4 ambulances, des fourgons de la police et de la Protection civile ont été mobilisés sur place afin d'intervenir en cas d'accrochage. Heureusement, aucun dégât humain ou matériel n'a été signalé. Pour Abdelhamid Aberkane, président de l'APC d'El Khroub, ces personnes se trouvent dans l'illégalité. «Ces gens issus des autres wilayas se sont installés anarchiquement, dans une zone inondable, sur les rives d'un oued, exposant leur vie au danger. Pis encore, ils ont fait de ce bidonville un investissement, louant des maisons à d'autres personnes dans l'espoir de bénéficier d'un logement social», a-t-il affirmé dans une déclaration à El Watan. Cette action de manifestation est une forme de chantage fait aux autorités. Pour le maire, il est temps que ces gens se rendent à l'évidence. Car, selon lui, la destruction aura lieu tôt ou tard et elle est nécessaire pour mettre fin à ce phénomène qui s'inscrit dans un processus d'anarchie urbaine. «Il y a eu plusieurs opérations de démolition qui restent insuffisantes. Nous avons établi des mises en demeure à l'encontre de ces gens, mais en vain. Faute de moyens et de disponibilité de la force publique, l'opération a été différée à maintes reprises, mais elle aura sûrement lieu. Nous n'autorisons personne à exploiter des sites pour construire anarchiquement», a-t-il déclaré fermement. M. Aberkane ajoutera que le relogement se fera à travers l'étude des dossiers et selon les priorités. Notons aussi que lors de l'un des conseils de wilaya, Hocine Ouadah, chef de l'exécutif, s'est engagé et a promis au maire d'El Khroub de prendre ce problème en charge, «si les services de la commune se trouvent incapables d'éradiquer les bidonvilles et les constructions illicites datant de plusieurs années».