Pour sortir de l'impasse politique qui risque de propulser le pays dans l'inconnu, le président du MSP, Abderrazak Makri, propose trois options de sortie de crise. Intervenant à l'ouverture de l'université d'été de son parti, hier à Zéralda (Alger), le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a défendu d'abord l'option «la plus souhaitable» qui consiste «à ramener à la raison le pouvoir avec toutes ses composantes afin d'aller vers un compromis et une transition démocratique en associant tout le monde pour sauver le pays». Les prochaines élections législatives seraient, selon lui, «l'occasion appropriée pour engager ce processus». Le président du mouvement islamiste appelle ainsi le pouvoir, qui refuse de discuter avec l'opposition en dehors des institutions, «à laisser se tenir des élections libres et transparentes pouvant permettre l'émergence de blocs parlementaires forts représentant une réelle volonté populaire». Mais sans trop se faire d'illusion sur la réussite d'une telle démarche, M. Makri propose néanmoins la mise en place d'«un gouvernement d'union nationale incluant toutes les formations politiques, majoritaires ou minoritaires, celles qui participent comme celles qui boycottent les élections, au lendemain du scrutin, qui assumera les choix difficiles pour passer d'une économie rentière à une économie productrice». Un prélude à la mise en place d'un processus de transition qui nécessite, selon lui, une «trêve politique et économique durant toute la législature». Faute de quoi, le chef des Frères musulmans algériens souhaite continuer le travail entrepris dans le cadre de la Coordination des libertés et de transition démocratique (CLTD) dans la perspective d'inverser le rapport de force dans la société en sa faveur et se tenir prêt le moment venu. «Le second chemin que nous préconisons est de poursuivre l'opposition politique en coordination, afin d'exercer une pression sur le pouvoir politique et continuer à travailler pour inverser le rapport de force, parce que le temps est en notre faveur malgré les difficultés et les complications de ce choix», plaide-t-il. Dans ce cas, Abderrazak Makri appelle à faire des prochaines législatives «une parenthèse insignifiante» respectant le choix de chacun des partis. Cependant, il émet quelques critiques en direction de ses partenaires au sein de l'opposition : «Il y a nécessité pour l'opposition de revoir quelque chose de fondamental si nous devons continuer sur ce chemin. Il s'agit de sortir d'abord de l'élitisme dans lequel elle se confine, car le vrai travail est de parier sur le peuple algérien qui détient la capacité du changement et de faire face à l'hégémonie du pouvoir.» «Il est demandé à l'opposition de sillonner le pays, de rencontrer les Algériens, leur expliquer la gravité de la situation et proposer une alternative. Elle ne doit pas se tromper d'adversaire en s'attaquant les uns aux autres qui ne sert que le pouvoir en place, et surtout d'éviter une course vers le pouvoir une fois la crise amplifiée.» Le président du MSP appelle ses partenaires politiques à «plus de coordination et de concertation, y compris avec le système qui vacille». L'actuel président du MSP, dont la ligne politique a triomphé au dernier congrès du parti en 2013 qui scelle «la rupture» avec le pouvoir, malgré l'opposition de la tendance menée par l'ex-président Abouguerra Soltani, a réaffirmé sa disposition à poursuivre le travail au sein de l'opposition. Et si d'aventure les futures échéances politiques font éclater la coalition de l'opposition, le MSP se tient prêt à jouer en solo et «à assumer son rôle de leader politique et mobiliser autour de son projet», défend le chef du MSP. Mais Makri laisse entendre que ce choix n'est pas souhaitable et ne serait possible que dans le cas où «le pouvoir politique poursuit son entêtement et que l'opposition prend le risque de l'égoïsme et des faux calculs». Abordant la question de la participation ou non de son parti aux élections législatives de 2017, Abderrazak Makri a mis sur la table les différents arguments militant en faveur des deux options, sans trop montrer son propre penchant. «Nous ne sommes pas en face d'un choix qu'il serait aisé de trancher prématurément», dit-il. Néanmoins, il avance des préalables devant présider à la décision qu'il résume ainsi : «Les garanties de transparence, la position unitaire de l'opposition, élaborer une alternative sérieuse en cas de boycott, étudier avec minutie les conséquences du choix sur les équilibres politiques et sociaux après les élections, sonder les vraies tendances au sein de l'opinion publique et enfin tenir compte des évolutions régionales et internationales.»