Les grandes migrations tirent à leur fin pour ces derniers jours du rassemblement, même si en cette fin d'été on peut encore croiser sur l'axe Béjaïa-Tichy-Aokas tous les matricules du pays, du Adrar 01 au Relizane 48. Haut lieu du tourisme estival où chacun réalise une fois l'an à quoi ressemble le concitoyen coincé à l'extrémité du pays, comment il s'habille, parle et conduit, la région va retomber dans sa solitude, en espérant l'arrivée de la pénétrante qui joindra Béjaïa à l'autoroute Est-Ouest. Soulagement pour ceux qui ont été pénalisés par les problèmes de circulation, le bruit permanent des sonos ou les pénuries d'eau dues à l'afflux massif, mais déjà nostalgie pour les commerçants, hôteliers et tous les propriétaires qui ont fait leur chiffre d'affaires de l'année. On aura d'ailleurs vu d'étranges concepts, comme ces étalages qui vendent des maillots deux pièces et des fusils (factices) ou ces magasins qui proposent des DVD de musique et des déodorants. On aura, hélas, vu aussi les ambulances, avec ces traditionnels morts par noyade, comme ce pauvre Zimbabwéen retrouvé sans vie sur la plage. Ce sont les risques de la mer et seule Chafiya, qui veille sur les terres ancestrales, a refusé de nager avec ceux qu'elle appelle «les indiens». Pourtant, malgré ce mixage provisoire de toutes les populations du pays, le sujet de cette fin d'été n'a pas été le port du bikini dans la région, mais cette femme en burkini encerclée par des policiers sur une plage de France. Si tout le monde a condamné l'attitude des policiers venus déshabiller une femme en public, personne ne s'est demandé pourquoi a-t-elle accepté de retirer ses vêtements et n'est pas tout simplement partie, évitant ainsi l'humiliation ? C'est un mystère, tout comme cette Méditerranée, antique, unique mais aux plages si différentes. Une femme en maillot est aussi indésirable à Aokas qu'une femme en burkini à Nice. Avantage aux poissons, ils nagent tout nus.