Ouverture dès demain des Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB), qui se tiendront jusqu'au 9, à la Cinémathèque. L'association Project'heurts, pour cette 14e édition, a également programmé des films venus de Tunisie, de France, du Burkina Faso… - Depuis 14 ans, les Rencontre cinématographiques de Bejaïa se distinguent avec une programmation éclectique. Quels ont été les critères de sélection ? Les rencontres cinématographiques de Bejaïa sont nées pour accompagner des démarches cinématographiques et des envies de cinéma. C'est aussi une manifestation qui voudrait se démarquer par une ligne éditoriale favorisant un cinéma éclectique et des territoires cinématographiques les plus innovateurs. Tant sur le plan de la vision du réalisateur, que sur le plan esthétique. - Cette nouvelle édition programme plusieurs avant-premières. Une manière de promouvoir les jeunes cinéastes ? C'est aussi un des objectifs assignés aux RCB, à savoir mettre la lumière sur la création cinématographique portée par un regard jeune et frais. Les avant-premières concernent des jeunes et moins jeunes en termes de cinéma, mais c'est surtout l'objet filmique qui compte pour nous au-delà de l'aspect avant-première. - Projections, débats, rencontres avec les acteurs et les réalisateurs de certains films, les RCB sont bien parties pour se démarquer du peu d'événements dédiés au cinéma... Lorsque nous avons créé cet événement nous avons directement pensé à ce que cela pourrait donner comme plateforme de débat et d'échange entre les professionnels du métier. C'est essentiellement un espace dédié à la réflexion sur le cinéma en Algérie. L'aspect rencontre nous y tenons beaucoup, parce que nous considérons que cela manque cruellement chez nous et que les «faiseurs» de films n'ont pas beaucoup d'occasion de montrer leurs films devant, à la fois, leurs collègues et aussi le public. - Avec l'austérité qui a frappé le secteur de la culture, les RCB tiennent depuis des années, qu'est-ce qui les fait tenir au bout de 14 ans ? Sachant que ce ne sont pas les subventions qui se bousculent... Les RCB tiennent parce qu'elles portent un projet, et le projet lorsqu'il a des horizons et des perspectives ne peut être altéré par une situation financière, même si nous nous devons la vérité à nous-mêmes avant de la devoir aux autres, à savoir que nous avons besoin de ce minimum vital pour exister. Les RCB sont aidées et subventionnées par les collectivités, à l'instar de l'APC et de l'APW et du ministère de la Culture, et ce, depuis 3 ans maintenant de manière régulière. Il y a aussi d'autres partenaires qui financent et soutiennent notre démarche, en attendant une prise de conscience de la part des entreprises publiques et privées de la région, pour ne commencer que par la région. Je dis «prise de conscience» parce qu'il me semble que l'enjeu est là, dans cette prise de conscience qui tarde à naître et à prendre forme quant à la nécessité pour ces machines industrielles et commerciales d'accompagner l'acte de création et de manifestation culturelles et artistiques. Il y va de l'épanouissement et de l'émancipation de la société. Aucun dynamisme économique ne peut être pérenne sans un dynamisme sociétal porté par la culture. - Les RCB sont aussi une belle occasion pour la ville de Béjaïa de se démarquer, les autorités locales s'impliquent-elles dans la promotion de la culture de la ville ? Les premiers sponsors des RCB ce sont la ville et le public, il ne pourrait y avoir de manifestation qui réussisse sans l'adhésion de la ville et du public et, de ce côté-là, Béjaïa a tout pour accueillir ce genre d'événement, tant par son histoire que par la bonté et la prévenance de ses habitants. Les autorités locales, à commencer par l'APC, aident beaucoup les RCB, c'est d'ailleurs le premier bailleur de fonds en plus de toutes les aides logistiques que nous trouvons auprès de cette collectivité. La société civile, à travers le mouvement associatif déjà ancré et important dans la ville et la région, est un partenaire indéniable des RCB, ce sont des relais importants et des soutiens non pas des moindres. - Montrer des films, promouvoir des talents, ramener du public à la Cinémathèque c'est une bonne chose. Que se passe-t-il tout au long de l'année ? Nous concertons, nous essayons de remplir notre part du contrat comme on dit, nous animons, avec nos moyens, la salle de la cinémathèque de Béjaïa à travers un ciné-club bimensuel, une nuit dédiée au court métrage, une autre au clip, sans oublier les différentes projections lors d'occasions bien précises comme pendant le Ramadhan où trois soirées durant la salle était archicomble, à l'occasion d'un événement que nous avons organisé autour du cinéma d'horreur. Béjaïa et sa région peuvent se targuer d'avoir un dynamisme certain sur le plan culturel, à travers des cercles et associations tels que le café littéraire, la balade littéraire, le Festival de la poésie d'Aït Smail, les différentes activités de l'Etoile culturelle d'Akbou, la manifestation autour de la photo à Ighzer Amokrane et j'en passe. Nous devrions méditer sur la fable du colibri et être tous ce petit oiseau qui essaye de remplir sa mission selon ses moyens.