Un rassemblement a été tenu hier matin à Oran devant le théâtre Abdelkader Alloula, en hommage à Amira Merabet, la femme qui été brûlée vive à Constantine et décédée lundi passé, alors que son assassin est en fuite. Dès 11h, les marches du théâtre, devenu symbole des manifestations pour les libertés, ont commencé à accueillir les citoyens, venus exprimer leur indignation, partager le deuil de la famille d'Amira et celui de la femme algérienne, tout en condamnant la violence. Des affiches avec la photo de la regrettée Amira ont été distribuées et les personnes présentes portaient un ruban noir, pour exprimer leur deuil. Cette initiative citoyenne a été marquée par la présence de plusieurs associations comme l'Afepec, Fard ou encore le Mouvement démocratique et social (MDS). «Par notre rassemblement, nous condamnons cet acte ainsi que toutes les agressions, les violences et les crimes des hommes contre les femmes, et reconnaissons que cette tragédie n'est pas un fait isolé, mais qu'elle est nourrie, entre autres, par tout un système social et politique complice, qui consacre les discriminations contre les femmes et le non-droit à être des citoyennes à part entière au même titre que les hommes», lit-on dans une déclaration commune prononcée à cette occasion. Les manifestants demandent aux autorités publiques de déployer tous les efforts pour retrouver l'assassin d'Amira, qui est (du moins jusqu'à hier) en fuite. «Par ce rassemblement, nous exigeons que ce crime soit puni par la peine prévue dans la loi algérienne», a-t-on souligné. Présent à ce rassemblement, Saïd Kateb, militant des droits de l'homme et fidèle à tous les rendez-vous pour la liberté, a rappelé que ces crimes abjects sont perpétués à cause de l'impunité. «Nous sommes ici hommes et femmes pour exprimer notre deuil et manifester notre compassion à la famille d'Amira Merabet, mais c'est aussi l'occasion de rappeler que notre action ne doit pas se limiter à ce rendez-vous. Il va falloir continuer le travail de revendication et aussi de sensibilisation en rappelant le rôle de chacun : les mères ne doivent plus rester complices de ce fléau social, elles doivent éduquer leurs enfants sur le respect de la femme. La famille doit être éduquée en somme. Il y a aussi le système politique et social ainsi que l'impunité de ces actes qui font durer le fléau», a déclaré Kateb en s'adressant aux manifestants, solennellement pour respecter le deuil. Des bougies ont été allumées et déposées dans ce lieu devenu symbole de la lutte contre l'obscurantisme et la violence. Après le sit-in d'hommage, les femmes et les hommes présents ont prolongé leur recueillement place du 1er Novembre, où ils se sont réunis pour se s'entendre sur les prochaines actions à entreprendre, afin que «jamais plus un parent ne pleurera l'assassinat de son enfant». Le credo de cette matinée a été la déclaration de Houria, mère de feue Amina Merabet, qui a dit : «Il n'a pas seulement brûlé ma fille, il a brûlé mon cœur avec elle.»