«Y en a marre des harceleurs, y en a marre des agresseurs, y en marre des violeurs et y en a marre des tueurs ». C'est en ces termes que les initiateurs du rassemblement, tenu hier, à la Grande Poste, à Alger, en hommage à Amira Merabet, brûlée vive sur la voie publique, ont exprimé leur ras-le-bol, face aux violences faites aux femmes et aux enfants. Des dizaines de femmes et quelques hommes se sont rassemblés, hier, près de la Grande Poste, pour dénoncer les actes de barbarie commis principalement, à l'endroit des femmes et des enfants, dans notre société. Cette manifestation a été organisée en hommage à Amira Merabet, une jeune fille de 34 ans, qui a été brûlée vive, il y a une semaine, à El Khroub dans la wilaya de Constantine, rien que pour une dispute sur un mariage. Un homme qui est toujours en fuite l'a aspergée d'essence avant de mettre le feu, sur la voie publique. Une des participantes au rassemblement a tenu à affirmer que ce rassemblement est à la fois organisé en hommage à Amira Merabet et à l'enfant d'Oum El Bouaghi qui a été, violemment tué par la femme de son oncle. Ce rassemblement a permis aux participants d'ouvrir un débat sur la banalisation de toutes les formes de violences à l'égard des femmes et des enfants. Et la normalisation des actes de violences qui gangrènent la société. Un représentant du MDS a affirmé qu'aujourd'hui la société algérienne a besoin d'une réponse claire pour endiguer toute forme de violence. Il a indiqué que l'absence de manifestations culturelles, artistiques, absence de débat et l'interdiction de la tenue de rassemblements et de mouvements de protestation, à travers le pays, nourrit, davantage, la haine et la violence, chez nos jeunes, qui selon notre interlocuteur, s'expriment à travers la violence contre les femmes et les enfants. Ils expriment leurs violences dans les stades et écoles et même dans le domicile familial. Et d'affirmer : « je ne crois pas que l'Etat qui a pardonné aux égorgeurs de bébés et de femmes puisse aujourd'hui, instaurer un climat de sérénité et de paix pour nos femmes, pour nos enfants et pour toute la société». Il a été question également, de débattre en pleine rue, de la loi contre les violences faites aux femmes, notamment sur comment on peut pénaliser le harceleurs. Une participante au rassemblement a affirmé qu'elle était, elle-même, victime de harcèlement de la part de son supérieur, au travail. Elle a affirmé qu'elle s'est vue obligés de quitter son travail pour mettre fin à son clavaire. «Pourtant, j'ai déposé plainte auprès de la gendarmerie, j'avoue que j'étais bien accueillie mais ma requête est restée, sans suite, en absence de preuves tangibles», dit-elle. Pour elle, la loi a été vidée de son sens face à la réalité du terrain, elle recommande, au nom des femmes, de revoir certaines dispositions de ladite loi. Souad, une des initiatrices de ce rassemblement sur Facebook, a pour sa part, contesté la notion de «pardon» de la victime qui annulerait les poursuites judiciaires contre son agresseur, une mesure qui figure dans la loi contre les violences faites aux femmes. Certains, parmi les manifestants, ont déploré la faible mobilisation lors de ce rassemblement, pourtant disent-ils, « cette affaire ne concerne pas seulement Amira Merabet, mais l'ensemble de la société algérienne». «Des cœurs meurtris, déchirés et brûlés» A Constantine, un rassemblement a été tenu vers 11h, au square Benacer, au centre-ville. Un petit cercle de femmes et de jeunes, brandissant des portraits de la jeune femme brûlée vive, des bouquets de fleurs posés à terre, et de la douleur sur les visages des manifestants, expriment la solidarité et le soutien à l'égard de la famille de la victime, qui a succombé après une semaine de souffrances horribles. « Nous ne nous tairons plus », est-il écrit sur une petite plaque brandie par une jeune fille. En face, une autre criait toute sa douleur, « nos cœurs sont meurtris, déchirés et brûlés », par cette mort tragique d'une femme innocente. « Nous exprimons notre soutien à la famille de la défunte », clamait-on. A travers cette manifestation, qui a duré une heure, l'Association Kahinates' particulièrement, a manifester sa solidarité avec la famille de la victime et a dénoncé la violence exercée contre la femme, dont la femme brûlée vive est l'une de ses facettes horribles. On cherche, également, à mobiliser la population contre ces actes inhumains qui ciblent les personnes vulnérables, dans notre société. « Ce sont des monstres qu'il faut combattre par tous les moyens », s'est exclamé un homme de passage devant la manifestation. Ajoutant qu'il faut, impérativement, appliquer la peine de mort contre les coupables de telles monstruosités.