L'acharnement contre les nouveaux manuels révèle une lutte de positionnement sur le marché de l'édition. Les auteurs et concepteurs des manuels scolaires ont accusé, hier, certaines parties de «vouloir politiser» l'erreur commise dans le manuel de géographie de la 1re année moyenne. Les élections locales et législatives de 2017 représentent une échéance importante pour certains milieux qui tentent de récupérer cet épisode pour s'attaquer aux réformes, estime Mahfoud Kahoual, inspecteur de langue arabe et cité parmi les auteurs ayant confectionné les manuels de la deuxième génération des programmes de la réforme. Pour ce pédagogue, il y a anguille sous roche. La campagne visant ces manuels boostée par l'erreur du livre édité par l'Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) révèle une lutte de positionnement sur le marché de l'édition, objet de spéculation et d'anarchie, estime le même auteur qui intervenait hier en conférence de presse des éditeurs et auteurs des manuels scolaires, organisée au siège du ministère de l'Education nationale. L'inspecteur, qui a dénoncé une campagne de «casse» contre les efforts d'organisation du marché du livre et l'amélioration des programmes, souligne que les propositions des auteurs soumises à plusieurs contrôles et évaluations ont produit des manuels conformes aux directives de la loi sur l'orientation de l'éducation nationale. «Nous ne produisons ni des livres religieux ni des magazines politiques», a-t-il martelé, dénonçant par la même occasion «le niveau bas des arguments et moyens utilisés pour discréditer le travail de longue haleine d'inspecteurs patriotes et honnêtes». Ali Hamidou, inspecteur de sciences naturelles ayant supervisé le travail de confection du livre d'éducation scientifique et technologique, a également dénoncé la qualité du débat sur le manuel. «On nous reproche d'avoir abordé le thème de la reproduction» En effet, des campagnes de dénigrement menées par des journaux et sur les réseaux sociaux reprochent aux concepteurs de ce livre d'aborder des sujets liés à la reproduction. Pour ce pédagogue, qui a défendu l'approche scientifique suivie dans le traitement des questions liées à la présentation de la fonction génitale et reproductive de l'être humain, «les auteurs ont cassé des tabous». M. Hamidou ajoute que «la frustration étouffe encore les esprits». L'auteur défend la nouvelle approche consistant à initier l'enfant à ces questions biologiques et naturelles pouvant faire partie de son éducation sexuelle avant l'adolescence, ceci, ajoute l'auteur, «pour éviter que l'enfant ne puise des informations erronées de sources peu fiables». De leur côté, les inspecteurs d'histoire et de géographie ont défendu le contenu des nouveaux manuels, invitant les détracteurs de la réforme à «plus d'honnêteté». «Prendre des parties de textes en dehors de leur contexte pour dénigrer le travail de réhabilitation de l'identité algérienne indique une déviation et mauvaise exploitation des données», soutient l'inspecteur d'éducation civique à propos du cours sur la démocratie ayant nécessité d'aborder le référendum sur l'indépendance de l'Algérie. Pour Nedjadi Messeguem, inspecteur général au ministère de l'Education nationale, le bruit «amplifié» suite à l'erreur sur la carte géographique a levé le voile sur certains dysfonctionnements du secteur de l'édition du livre scolaire et parascolaire. Le ministère de l'Education «ne peut rien contre l'anarchie caractérisant le livre parascolaire dont le contenu échappe à tout contrôle», explique M. Messeguem. Ce dernier, tout en dénonçant la campagne de «harcèlement et d'acharnement» contre le département, annonce qu'un décret exécutif sera promulgué prochainement pour la régulation de ce marché, conformément à la nouvelle loi sur le livre. Le même responsable annonce une campagne de sensibilisation sur l'utilisation des réseaux sociaux à l'adresse des élèves «pour que ces derniers apprennent à analyser et à vérifier la véracité des informations». De son côté, le directeur de l'Enag, M. Messaoudi, a révélé que son entreprise a dépensé 400 000 DA pour la réparation de l'erreur en question, 71 millions de livres scolaires ont été édités en 2016, dont 30,5 millions pour le primaire, 30,5 millions pour le moyen et 9 millions pour le secondaire. Le nouveau manuel du moyen a été édité par L'Enag à 8,4 millions d'exemplaires, tandis que l'Office national des publications scolaires a édité 8 millions d'exemplaires du nouveau manuel du primaire. M. Messaoudi annonce qu'un tirage supplémentaire a été fait pour combler les manques exprimés en livres à travers les établissements, le dernier tirage a été effectué hier.