Quand on parle de sondage en Algérie, on pense généralement à l'eau, ressource fondamentale. Mais ce n'est pas la seule, le sondage désigne aussi cet instrument moderne de mesure d'opinion, de chiffrage ou d'estimation des tendances. Un outil hélas toujours non utilisé en 2016, dans un pays où les instituts de sondage n'existent pas ou sont étroitement contrôlés, le but étant que personne ne sache vraiment dans quel pays il est et quelles sont véritablement les tendances politiques, idéologiques, culturelles ou religieuses. De fait, les seules statistiques accessibles viennent de l'Organisation nationale des statistiques, structure étatique contrôlée par l'Exécutif, avec toutes les limites imparties à ce type de structures. A l'approche des échéances électorales, devant les bouleversements à venir dans les habitudes économiques et sociales, les affrontements idéologiques dont les générations futures sont les premières victimes, que pensent les Algériens de la jupe, combien sont-ils à préférer la mayonnaise à l'harissa, qui est pour ou contre le don d'organes et combien y a-t-il réellement d'amazighophones ou de téléphones en Algérie ? Car rien n'alimente plus les fantasmes, les malentendus et les dérapages violents que l'imprécision, le flou, l'absence de statistiques sérieuses et évidemment de sondages d'opinion réguliers. On ne sait pas qui pense quoi de qui ou de quoi, qui est réellement pour les réformes de Benghebrit par exemple et qui est contre, ou qui est vraiment pour ce 4e mandat. Bien sûr, on pourra toujours insister sur la problématique de l'avis individuel et la propension du citoyen à cacher ce qu'il pense réellement, préférant toujours se fondre dans l'avis général et la masse afin de ne pas émerger et devenir suspect. On pourra d'ailleurs évoquer ce sondage non publiable resté secret, 92% des Algérien(ne)s sont contre les sondages, alors que 95% des Algérien(ne)s aimeraient bien sonder leur voisin(e).