Axé sur trois chapitres, ce document énumère d'abord toutes les atteintes aux droits de l'homme et aux libertés des citoyens constatées ces derniers mois. L'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO), regroupant une large majorité des représentants de l'opposition algérienne, s'apprête à démasquer publiquement les visées autoritaires du régime. En prévision de son sommet, prévu le 3 octobre à Alger, cette coalition s'échine à peaufiner son mémorandum sur les atteintes aux droits et aux libertés des citoyens. Confié à une commission installée en juillet dernier, ce document, apprend-on de sources proches de l'ICSO, sera une sorte de «cri d'alarme» face au recul sur les acquis démocratiques arrachés après les événements tragiques d'Octobre 1988. «Ce mémorandum est un document consensuel émanant de l'ensemble des segments de l'opposition. Il sera présenté à tous les partenaires durant les prochains jours avant d'être soumis à l'approbation des responsables de l'ICSO», expliquent nos sources. Axé sur trois chapitres, ce document énumère d'abord toutes les atteintes aux droits de l'homme et aux libertés des citoyens constatées ces derniers mois. Pour les rédacteurs de ce mémorandum, le recul sur le multipartisme se précise également. Les pressions sur les partis politiques et la société civile ainsi que le verrouillage du champ politique et le refus arbitraire d'agréer de nouvelles formations, estiment également nos sources, s'inscrivent dans cette volonté de faire le ménage sur la scène politique pour ne laisser sur le terrain que la clientèle du pouvoir. Le troisième chapitre de ce document a un lien avec le multipartisme. Il porte, selon les mêmes sources, sur le cadre électoral. Le mémorandum dénonce, en effet, les amendements de la loi électorale et la création de la Haute instance de surveillance des élections. «Ces textes confirment plus clairement l'arrière-pensée du système qui se soucie uniquement de sa pérennité. L'exigence de la collecte des parrainages comme préalable à toutes les candidatures aux futures élections législatives et locales constitue, selon les animateurs de l'ICSO, une volonté délibérer d'imposer de manière déguisée le retour à l'ère du parti unique.» La loi électorale impose aux partis politiques de justifier d'un score de 4% des suffrages durant les dernières élections pour pouvoir présenter des listes électorales sans passer par l'exigence des parrainages. Mais toutes les élections ont été entachées de fraude et, par conséquent, les scores sont gonflés. «Comment prendre comme paramètre des résultats issus de la fraude ? Il y a là une volonté d'éliminer tous les partis démocratiques afin de réinstaurer le système du parti unique», précisent également nos sources. Il est à rappeler que cette mesure avait déjà été introduite dans la loi électorale en 2007 avant d'être supprimée en 2012 afin de permettre une large participation aux législatives. A l'époque, la révision de la loi électorale intervenait dans un contexte politique régional marqué par l'exacerbation des révoltes arabes. Le contexte a changé et la nature du pouvoir revient au galop… Avec ce mémorandum, l'opposition, dans la continuité de son action du 10 juin 2014, veut démontrer également sa cohésion et sa détermination à imposer sa demande d'une transition démocratique. Mais se contentera-t-elle de la dénonciation ? Quelle sont ses options politiques pour l'avenir ? «C'est aux responsables de l'ICSO de définir, lors de la prochaine réunion, les perspectives», rétorquent nos sources.