Le 4e Salon national de l'habit traditionnel qu'abrite le lycée Pierre et Marie Curie de Annaba a été inauguré jeudi dernier par des représentants du ministère de la Petite et Moyenne entreprises et de l'Artisanat. 39 exposants, dont 10 pour la seule wilaya de Annaba, et d'autres en provenance de différentes régions du pays, dont Oran, Ghardaïa, Blida, participent à cette manifestation. Le faible niveau de participation trouverait son explication dans l'organisation depuis quelques jours d'un salon similaire dans la wilaya de Skikda. Cet argument avancé par les organisateurs est battu en brèche par l'absence de toute communication avec les médias quant à l'organisation de ce salon. Ce handicap est reflété par quelques rares banderoles informant les citoyens et touristes de la tenue de ce salon qui retrace, d'une manière ou d'une autre, toute l'histoire de l'habit algérien sur l'ensemble du pays. 39 artisans avaient été chargés de faire en sorte que, du 19 au 26 août, les jours et les nuits de Annaba soient colorées d'or, d'argent, de soie et de kaftan avec, en toile de fond, des musiques du terroir avec karkabou, zorna, bendir et danses, dont celle du alaoui. Un décor qui nous ramène plusieurs siècles en arrière. A l'époque du sultan de Bouna (Annaba), le hafside Abou Zakaria Ibn Abi Ishak qui ordonna à son vizir de faire confectionner à l'aiguille et aux fils d'or, d'argent et de paillettes, 200 robes, les unes plus belles que les autres, pour les besoins de son harem. Une robe, une légende Ces robes ont réapparu lors de ce Salon national de l'habit traditionnel de Annaba. Elles n'ont rien perdu de leur splendeur. D'un modèle de sertissage différent l'un de l'autre, chacune de ces robes avait une histoire ou une légende à raconter. Elles paraissaient prendre à témoin la chéchia et la chaouchna exposées à leurs côtés. Et comme pour confirmer toute la richesse de notre patrimoine national, d'autres stands offraient aux visiteurs les senteurs de leurs régions respectives. Il y avait de tout dans ce salon, même la tente bédouine où l'on sert le thé à la menthe aux visiteurs désireux de mieux connaître les us et traditions des populations de nos lointaines contrées. Dans ce salon, les exposants ont tenté de répondre à tous les goûts de leurs éventuels clients, y compris les plus difficiles. Les stands bien achalandés, aux senteurs de djaoui et bkhor dignes des Mille et Une Nuits, confinaient à l'art de coudre et de broder hérité de nos aïeux, une large expression de toute notre richesse culturelle mal exploitée par le secteur du tourisme. A Annaba, durant ces premiers jours du Salon national de l'habit traditionnel, cet art nous a fait sentir le sable de Touggourt, d'El Oued et de Ouargla, l'air de la Mitidja. Il nous a fait apprécier la fierté des régions des Hauts Plateaux, du Djurdjura et de l'orgueilleux Aurès. Il nous a fait revivre l'épopée de l'Ouest avec les burnous, turbans, sarouals portés par nos valeureux Cheikh Bouamama, l'Emir Abdelkader et leurs hommes alors que, sur leurs pur-sang arabes, ils combattaient les occupants. Il y avait aussi ces robes oranaises combien légères, sans froufrou et autres garnitures. Le handicap Le style de couture laisse apparaître toute une dévotion de la modéliste, styliste et couturière pour le corps féminin, la féminité dans le sens le plus large. Il n'y avait certes pas beaucoup de monde durant ces deux journées d'exposition. La chaleur caniculaire qui a sévi durant tout le week-end sur Annaba y est certes pour beaucoup, mais il y a également cette carence chronique des gestionnaires du tourisme et de l'artisanat à fuir ou à éviter tout ce qui a pour nom communication. C'est là un handicap majeur qui semble coller à la peau des responsables de ce secteur. Et lorsque comme argument de l'absence de développement de l'artisanat national, le représentant du ministère de la Petite et Moyenne entreprises et de l'Artisanat avance la concurrence des pays voisins, il y a comme une fausse note et la nécessité d'une remise en ordre dans la maison de l'artisanat d'Algérie.