Le plagiat, cette malhonnêteté intellectuelle se retrouve même au niveau du patrimoine culturel. D'après Hadj Miliani, professeur à l'université de Mostaganem, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) et initiateur du projet de recherche du Crasc «Patrimoine, pratiques culturelles et artistiques en mouvement», dont les propos ont été rapportés par l'APS, le défaut de numérisation favorise le plagiat, en l'absence de bases de données fiables, authentifiées et validées. Le 22 septembre, le Crasc a organisé une table ronde sur le thème «Le patrimoine culturel en question : numérisation et bases de données patrimoniales». Durant ces travaux, les chercheurs du Crasc ont affirmé que la numérisation du patrimoine permettra la réappropriation de la mémoire d'un peuple ainsi que de son histoire dans tous les domaines. Toutefois, cela reste conditionné par l'authenticité et la validation des données du patrimoine afin qu'il y ait une traçabilité. Le professeur Hadj Miliani a par ailleurs démontré l'importance de l'implication des historiens dans le domaine de l'authentification et de la traçabilité ainsi que de l'explication des données numérisées. «Car les produits validés peuvent être d'utilité publique», a-t-il déclaré à l'APS. Avant cette étape de numérisation, le patrimoine riche et varié du pays nécessite d'abord la mise en place des outils nécessaires pour assurer sa sauvegarde et sa transmission aux générations futures. De là apparaît l'urgence de sa numérisation et de la création de moyens de transmission, notamment des sites ou des portails électroniques, suggère l'orateur. «Une grande partie du patrimoine disparaîtra dans les années à venir s'il n'est pas numérisé. Il est donc nécessaire de mettre en place un plan de sauvegarde pour que ce patrimoine soit mis à la disposition des chercheurs et de tous les Algériens», avertit-il. Au-delà de cet avantage que présente la numérisation, il est utile de rappeler que le partage des données numérisées du patrimoine est d'une extrême importance en raison de son aptitude à donner une certaine visibilité de ce qui constitue la culture et le patrimoine tant dans le pays qu'à l'étranger. Par ailleurs, le professeur Hadj Miliani a indiqué qu'une véritable économie du numérique est en train de se développer, soulignant la nécessité pour les Algériens de rattraper le retard dans ce secteur. Le conférencier a en outre mis en exergue une expérience-phare visant la sauvegarde du patrimoine culturel : la numérisation du melhoun dans le Maghreb. «Un travail long, minutieux, contraignant et pénible, mais qui permettra de mettre fin à des décennies de gabegie. Cela permettra de stopper le plagiat dans ce domaine bien précis du patrimoine culturel. C'est aussi une ressource considérable pour les chercheurs», a-t-il estimé, tout en soulignant que «le patrimoine doit être préservé et que le numérique est le moyen adéquat pour ce faire».