En se réunissant, hier, avec les cadres du secteur, à l'hôtel El Riadh, de Sidi Fredj, Nourredine Moussa, ministre du Tourisme, a été très clair dans son discours : il est urgent de passer la vitesse supérieure dans l'application des lois. Dans ce cadre, il n'a pas hésité à rappeler que le délai de grâce d'une année octroyé pour la mise à niveau des établissements hôteliers expire en novembre prochain. En d'autres termes, la tolérance zéro sera appliquée dorénavant et aucune excuse ne sera valable. Dans ce contexte, il faut savoir que 103 établissements ont été fermés administrativement car ils ne respectaient pas les normes organisationnelles de l'activité hôtelière (5000 lits répartis sur 29 wilayas). Sept d'entre eux ont été rouverts après la levée des réserves (répartis sur trois wilayas). Le deuxième chantier ouvert est l'encadrement des activités des agences de tourisme et de voyages, dont le nombre a atteint 768 sur l'ensemble du territoire national. Cinq appartiennent au secteur public et le reste au secteur privé. Depuis 2005, et selon un rapport établi par le ministère du Tourisme, 105 agences ont été sanctionnées administrativement : 66 retraits définitifs d'agrément, 23 retraits provisoires d'agrément et 16 avertissements. Les agences se concentrent dans certaines wilayas : 238 (Alger), 79 (Tamanrasset), 52 (Oran), 40 (Constantine), 34 (Sétif), 28 (Tlemcen) et 26 (Illizi). A part certaines agences de tourisme du Sud et un nombre insignifiant au Nord, la majorité ne commercialise pas la destination Algérie et se contente d'organiser des séjours à l'étranger. Cela est contradictoire avec la stratégie du gouvernement concernant le développement touristique à l'horizon 2015, adoptée le 29 mars 2006 et qui vise à faire du tourisme une activité économique à part entière, créatrice de richesses et d'emplois et surtout un secteur pourvoyeur en devises qui va progressivement et en fonction de l'évolution des mentalités se substituer aux hydrocarbures. La majorité des agences n'intègre pas les nouvelles technologies telles que l'internet (inexistence de site web et de courrier électronique) dans leur fonctionnement. Aucun contrat commercial ne les lie avec les clients et les agences ne disposent pas de brochures ou de dépliants faisant la promotion de l'Algérie touristique. Le ministre a insisté pour exiger de mettre de l'ordre, réglementer et surtout « professionnaliser le secteur », qui, faut-il le rappeler, affronte une vive concurrence dans le bassin méditerranéen, première destination touristique au monde. Certes, le ministre a affirmé que « le processus est long pour atteindre les objectifs », mais ce n'est pas une raison pour en faire un prétexte qui servira à justifier les inerties. Le document cité plus haut relève aussi l'existence « d'attestations de complaisance » concernant les agences de voyages. Pour stopper ce phénomène, une correspondance a été adressée aux directions des wilayas leur demandant de présenter une liste nominative des employés en précisant la nature de leur poste et la durée de l'exercice de leur activité ainsi que le numéro de leur affiliation à la sécurité sociale. Malheureusement, un grand nombre de directions n'a pas répondu favorablement à cette demande, pourtant qui émane de la tutelle ! Une autre anomalie a été signalée : les prête-noms. Le ministère a instruit ses structures au niveau local pour mener la chasse à ce genre de pratique illicite, mais il semble que les visites d'inspection ne signalent pas ces cas. Des pratiques qui peuvent nuire à l'image de marque du tourisme et qui font grincer la machine, au lieu de la faire tourner à plein régime. Il faut que la relance touristique implique tout le monde, dépassant les fausses apparences et les effets d'annonce. Le ministre veut visiblement mettre dans la bonne direction l'avancée de ce secteur. Dans le but de donner un coup de fouet au tourisme et accompagner la relative dynamique de l'afflux touristique des étrangers, l'Algérie abritera plusieurs manifestations qui auront un impact positif attendu : séminaire arabe sur le tourisme saharien du 6 au 7 novembre 2006 à Ghardaïa en collaboration avec la Ligue arabe, le 10e congrès des hommes d'affaires arabes du 18 au 21 novembre à Alger et le conseil exécutif de l'Organisation mondial du tourisme (OMT) du 20 au 21 novembre 2006. Le ministre a aussi évoqué la nécessité de moderniser les supports de promotion pour être plus efficace dans le cadre de la participation aux foires internationales. Une étude sur le tourisme saharien, qualifié de « force de frappe », a été engagée pour mieux cerner les goûts et les préférences des touristes, notamment étrangers, à la recherche de programme antistress, de ressourcement et de dépaysement. Il est prévu dans ce cadre la création de cinq pôles : Tamanrasset, Djanet, les oasis, Ghardaïa et Touat-Gourara.