Baisse des revenus, recul des investissements, creusement des déficits, la chute des cours du pétrole a eu un gros impact sur les pays producteurs. Si l'annonce de l'OPEP porte l'espoir de voir les cours repartir en hausse, elle est toutefois à prendre avec prudence, le marché étant encore trop approvisionné et les membres de l'organisation ne maîtrisent pas la totalité de l'offre mondiale. Leur part du marché est passée de plus de 40% il y a quelques années, à peine un tiers en 2015. Le reste est assuré par les pays non Opep dont les plus importants sont la Russie et les Etats-Unis. Mais la production des pays de l'OPEP a progressé ces deux dernières années plus rapidement que celles de leurs concurrents sur le marché avec une hausse de 4,2% entre 2014 et 2015 contre 2,4% respectivement, selon le BP Statistical Review 2016. Parmi les pays non Opep, les Etats-Unis ont considérablement augmenté leur production ces dernières années, mais ce n'est qu'à la fin de l'année dernière que le Congrès américain a levé l'embargo sur les exportations américaines de pétrole. Le pays dispute aujourd'hui la première place à l'Arabie Saoudite dont la production en août dernier était de 10,6 millions de barils/jour. Principal producteur de l'Opep, l'Arabie Saoudite a exporté 70% de sa production en 2015, selon les statistiques de BP. La Russie, qui représente 12% de la production mondiale, derrière l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis, a également vu sa production augmenter l'année dernière de 1,2% (10,9 millions, selon BP). Ce pays non Opep tire 50% de ses recettes budgétaires des revenus du pétrole qui représentaient en 2013 près de 20% de son PIB. Acteur majeur du marché, la Russie a consenti à faire un effort pour participer à équilibrer les prix aux côtés des pays de l'Opep. Les deux protagonistes ont été sévèrement affectés par l'érosion des cours depuis la mi-2014. Selon la Banque mondiale, les soldes budgétaires des pays exportateurs de la région MENA sont passés d'un excédent de 128 milliards de dollars en 2013 à un déficit de 264 milliards en 2016. Le groupe des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a perdu 157 milliards de dollars de recettes pétrolières l'an dernier et devrait en perdre encore 100 milliards cette année. Les réserves de l'Arabie Saoudite ont diminué de 178 milliards de dollars en 2015. La Russie avait, quant à elle, déjà puisé plus 50 milliards dans ses fonds souverains à la fin de 2015. Autant au sein de l'organisation que chez ses concurrents, on n'a pas intérêt à maintenir des prix du pétrole bas. Les principaux pays producteurs ont tous besoin d'un prix du baril élevé pour atteindre l'équilibre budgétaire (voir graphe 2). En outre, les deux premières compagnies pétrolières dans le monde en matière de production sont la saoudienne Saudi Aramco et la russe Rosneft avec des projections estimées respectivement à 10,3 et 3,9 millions de barils/jour en 2016 (information CNN). Autant dire que même si l'OPEP a perdu de sa capacité à influencer les cours du pétrole, elle devrait continuer à rester un acteur clé du marché. Les réserves de pétrole brut dans le monde sont nettement en sa faveur avec plus de 1200 milliards de barils estimés en 2015, soit 81% des réserves prouvées contre 19% pour les pays non Opep, selon les estimations de l'organisation. Avec 15,5% des réserves prouvées, l'Arabie Saoudite détient les deuxièmes plus grandes réserves mondiales de pétrole derrière le Venezuela (17,7%), également membre et devant le Canada (10,1%). La Russie n'en détient que 6%.