Par cette décision, les animateurs de l'ICSO viennent d'éviter un des pièges qui pourraient conduire à l'implosion de leur «coalition». Il n'y aura pas de position commune des partis de l'opposition sur les prochaines élections législatives. Réunis hier à Alger, les membres de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO) ont ouvert un débat sur cette question et décident de laisser le choix de la participation ou du boycott de cette échéance aux partis politiques. «Nous avons décidé, à l'issue des débats, de laisser le choix aux partis politiques. Chacune des formations politiques faisant partie de l'ICSO est libre de prendre, en interne, les décisions qui lui conviennent concernant les élections», affirme l'avocate Fetta Sadat, secrétaire nationale du RCD, qui a pris part à la réunion d'hier. ICSO, cadre de concentration Selon elle, les représentants de l'ICSO ont insisté sur le maintien de leur instance comme un cadre de concertation et de travail. «L'ICSO restera une instance qui fédérera l'opposition pour les actions futures. Les participants à la réunion ont affirmé la nécessité de conserver l'Instance et d'éviter son émiettement», assure-t-elle. Dans une interview accordée avant-hier à El Watan, le président de Talaîe El Houriat, Ali Benflis, avait également plaidé pour cette position, en affirmant que «chaque parti est libre de faire son choix». La même position avait déjà été exprimée par d'autres chefs de formations faisant partie de cette instance. Par cette décision, les animateurs de l'ICSO viennent d'éviter un des pièges qui pourrait conduire à l'implosion de leur «coalition». Car, selon les observateurs, les divergences de points de vue entre les membres de cette instance sur la question de la participation aux prochaines élections sont très profondes. C'est ce qui les a conduits à évacuer cette question dès maintenant pour conserver leur «union» scellée depuis le 10 juin 2014. En plus des élections, les acteurs de l'opposition réunis au sein de l'ICSO, tous présents lors de cette réunion au siège de Talaîe El Houriat, ont ouvert un débat sur la situation de politique nationale, avant d'adopter, à l'unanimité, leur mémorandum sur les libertés et les droits de l'homme. Dans ce texte (lire ci-dessous le papier de Nabila Amir), les membres de l'ICSO dressent un tableau sombre de la situation des libertés, des droits de l'homme et des la démocratie en Algérie. Ils imputent la responsabilité de cette situation au régime en place qui, par souci de se maintenir, recourt au viol de ses propres lois, en particulier la Constitution. Dérives du pouvoir Parmi les dérives du pouvoir dénoncées dans ce mémorandum, l'opposition cite notamment une volonté de mettre un terme au multipartisme à travers l'adoption de nouvelles lois, dont la loi électorale, qui balisent la voie pour un retour au parti unique. La fermeture de champ politique et le rejet des demandes d'agrément de nouveaux partis politiques d'opposition s'inscrit également dans cette logique des tenants du pouvoir. Estimant que le pays s'enfonce de plus en plus dans la crise qui risque de s'exacerber si les tenants du pouvoir continuent d'appliquer «leur politique de fuite en avant», les responsables de l'ICSO précisent que l'alternative existe. Il s'agit de l'ouverture de négociation sur la transition démocratique négociée sur la base de la plateforme de l'opposition adoptée à Mazafran en 2014. Quelle sera la réponse du pouvoir ? Acceptera-t-il, enfin, de répondre favorablement à l'appel de l'opposition ?