La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, craint pour l'Algérie. Il y a, selon elle, péril en la demeure et le projet de loi de finances 2017, remis ce jeudi aux députés, n'est pas fait pour arranger les choses. Mme Hanoune qualifie ce texte de «criminel», car il est «antisocial», «antidémocratique» et régressif par excellence. S'exprimant à l'ouverture de la réunion du comité central de son parti, elle décortique le projet et ose une comparaison avec les projets précédents. La secrétaire générale du PT s'est dite consternée de voir les budgets de certains secteurs, pourtant très sensibles, réduits de moitié. Il est incompréhensible, d'après elle, de revoir à la baisse le budget de l'Education, de la Solidarité, de l'Industrie, et ce, au moment où le gouvernement plaide pour une école de qualité et une industrie performante. Mme Hanoune s'est interrogée sur ce qui restera, dans ce cas-là, de la solidarité dans notre pays ? Ce projet sera, de son avis, un rouleau compresseur s'il venait à être adopté tel que proposé par le gouvernement. «Ce texte est venu consacrer l'orientation économique contenue dans la loi sur les investissements antinationale et cette nouvelle orientation est une déclaration de guerre contre la nation. Que restera-t-il de l'immunité du pays lorsque l'on programme la mort de la nation ?» s'est interrogée Mme Hanoune en évoquant les prochaines suppressions des transferts sociaux et le gel des salaires. Elle est persuadée que les architectes de cette nouvelle orientation ne sont pas nécessairement les ministres mais d'autres personnes qui l'ont imposée. «On offre le pays sur un plateau d'argent aux multinationales», a martelé la secrétaire générale du PT qui voit en certains responsables des «intermédiaires» pour les multinationales. Pour sortir de la crise, Mme Hanoune suggère la récupération des cinq milliards de dollars empruntés par le FMI ainsi que les impôts non payés, les droits de douanes et les crédits économiques accordés… Les lignes rouges La leader du PT illustre ses propos en citant la cascade d'affaires de corruption et cite le cas de Chakib Khelil. «Deux affaires seulement de Chakib Khelil représentent 450 millions de dollars et on n'est pas encore arrivé à Sonatrach 3», a-t-elle insisté. Mme Hanoune est persuadée qu'il y a bien eu une hémorragie et une prédation organisée en système et c'est ce qui est à l'origine de la crise financière qui secoue le pays alors que «le gouvernement fait l'autruche tout en agressant la majorité». Louisa Hanoune ne perd cependant pas espoir et demeure convaincue qu'il ne reste que le terrain de la lutte pacifique pour sortir de cet «engrenage» planifié. La leader du PT soutient les syndicats autonomes et souhaite un succès total au prochain débrayage qu'ils envisagent d'observer le 17 octobre. «Leurs revendications sont légitimes et partagées par l'ensemble des travailleurs», a-t-elle souligné. Dans son discours, Mme Hanoune n'a pas épargné Amar Saadani concernant ses déclarations faites le 5 octobre. «S'attaquer à la Guerre de Libération, à ses stratégies, ses tactiques et toucher aux officiers (algériens) de l'armée française, les présenter comme des traîtres est une atteinte à l'Etat, aux moudjahidine, au président de la République et à la Révolution», a-t-elle affirmé. La secrétaire générale du PT a évoqué une «volonté de semer la fitna» et a estimé que la Révolution était «une ligne rouge à ne pas franchir». Mme Hanoune a aussi évoqué les prochaines élections législatives qui, dit-elle, ne sont pas une priorité pour le parti. Elle a critiqué au passage la date choisie pour l'organisation de ces joutes qui coïncide avec le Printemps berbère, le 20 avril. «Pourquoi le choix de cette date très symbolique ?» s'est demandée l'oratrice. Avant de conclure, Mme Hanoune a proposé au Président la meilleure manière de fêter le 62e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération le 1er novembre de «prendre et annoncer des mesures politiques, sociales, économiques pour renouer le lien avec la Guerre de Libération».