Après le Burundi, c'est au tour de l'Afrique du Sud d'annoncer son retrait de la Cour pénale internationale (CPI). L'information a été confirmée hier par le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha. L'Afrique du Sud «a annoncé par écrit au secrétaire général de l'ONU son retrait» de la CPI, a déclaré M. Masutha d'une conférence de presse à Pretoria. La décision devrait prendre effet dans au plus une année. La raison d'une telle décision ? L'Afrique du Sud «estime que ses obligations en matière de résolution pacifique de conflits sont, dans certains cas, incompatibles avec l'interprétation des obligations» de la CPI. La CPI, a-t-il ajouté, «entrave l'aptitude de l'Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l'immunité diplomatique», a-t-il expliqué. C'est sur la base de ce constat que le ministre sud-africain de la Justice Michael Masutha avait d'ailleurs justifié le refus de Pretoria d'arrêter le Président soudanais recherché par la CPI lorsque celui-ci s'était rendu l'an dernier en Afrique du sud pour assister à une rencontre internationale. La décision du gouvernement sud-africain sonne comme un camouflet pour la CPI, surtout qu'il s'agit du deuxième retrait en moins d'une semaine. Le président burundais, Pierre Nkurunziza, a lui aussi promulgué mardi une loi prévoyant que son pays se retire de la CPI. Le pouvoir burundais voit dans la CPI un «moyen politique» utilisé par la communauté internationale pour «opprimer les pays africains». Il ne reste désormais plus au Burundi qu'à la notifier à l'ONU pour lancer formellement le processus. Les décisions de l'Afrique du Sud et du Burundi risquent de faire boule de neige, d'autant que l'Union africaine a également enclenché en février dernier son départ de la CPI. Sur proposition du président kényan Uhuru Kenyatta, l'UA avait adopté à Addis-Abeba un texte prévoyant le retrait des pays africains de la Cour pénale internationale. La Cour pénale internationale «n'est plus le lieu de la justice mais le jouet des pouvoirs impérialistes en déclin», avait alors soutenu Uhuru Kenyatta à la tribune de l'UA. «Cette cour agit sur demande des gouvernements européens et américain, contre la souveraineté des Etats et peuples africains. Le président kényan a mis en cause les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ancien pays colonisateur, même si, depuis l'indépendance, le Kenya est resté un proche allié du camp occidental en général et des Etats-Unis en particulier. Longtemps évoquée par des observateurs qui estiment que la CPI ne s'en prend qu'aux chefs d'Etat africains, la sortie de cette juridiction pénale internationale prend ainsi corps. La proposition avait reçu l'assentiment de la majorité des chefs d'Etat africains. Le président tchadien Idriss Deby Itno, président en exercice de l'UA, a expliqué que «c'est une décision motivée par un acharnement de la CPI contre les dirigeants du continent». Depuis son entrée en fonction en 2003, la CPI a ouvert des enquêtes dans dix pays, dont neuf sont africains. Cela lui a valu de nombreuses critiques qui l'accusent de mener «une sorte de chasse raciale». Aux Africains maintenant de montrer que les justices nationales peuvent être crédibles et à la hauteur de ce qui est attendu d'elles.