Deux mois après la rentrée des classes et quelques jours seulement avant les vacances d'automne, des centaines d'établissements scolaires se trouvent sans encadrement administratif ou pédagogique. Les parents d'élèves tirent la sonnette d'alarme sur l'ampleur de l'anarchie enregistrée au niveau de plusieurs wilayas où des classes manquent toujours d'enseignants et des établissements de directeurs. Le Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (CELA) estime que plus de 500 établissements sont sans directeur ou censeur et attendent toujours l'installation de ces responsables issus de l'affectation par intérim d'enseignants à ces postes de responsabilité. «Pour les établissements où cette affectation a été réalisée, l'enseignant passe au poste de directeur par intérim sans aucune formation», dénonce encore le Cela. Le phénomène s'accentue au niveau des écoles nouvellement construites ou au niveau des zones reculées, estime le Cela. La situation s'est compliquée avec le départ à la retraite anticipée de dizaines de milliers de directeurs. Le manque d'enseignants s'accentue ainsi avec cette promotion en «chargés de poste» pour des milliers d'enseignants. Le secteur peine déjà à remplacer les 30 000 départs d'enseignants à la retraite. Dénicher un chef d'établissement est donc devenu un casse-tête pour le département de Nouria Benghebrit. Le taux de réussite au dernier concours de recrutement de directeurs, jugé faible par le ministère de l'Education nationale, explique également cette situation qui risque de durer encore davantage, notamment avec le «nombre important des demandes de départ à la retraite», qui alarme les syndicats du secteur. «L'énorme manque d'enseignants qui a caractérisé depuis quelques années les rentrées scolaires s'ajoute aujourd'hui au manque d'encadrement», s'inquiète M. Zerrouk, membre du bureau national de l'Association nationale des parents d'élèves. Les différentes antennes de cette association font état du manque de directeurs, de censeurs, de surveillants et d'adjoints de l'éducation à travers tout le territoire national. Dans certaines wilayas, de nombreux problèmes liés au bon fonctionnement des structures scolaires persistent, en attendant l'affectation de chefs d'établissement. «Ce sera la période des évaluations dans quelques jours et, vraiment, nous ne voyons pas sur quoi nos enfants vont être interrogés, les cours n'ayant pas été dispensés dans plusieurs établissements», soutient encore M. Zerrouk. L'Association nationale des parents d'élèves estime que «cette situation reflète le manque de planification au niveau du ministère de l'Education et du gouvernement. Les responsables du secteur se vantent des prévisions en besoins des effectifs jusqu'à 2019, mais le manque d'une reflexion coordonnée avec le gouvernement et la réforme de la retraite ont faussé tous les calculs», explique le représentant des parents d'élèves. Idir Achour, porte-parole du Cela, affirme qu'avec les effectifs ayant déserté le secteur via la retraite, le concours organisé en avril dernier s'est avéré insuffisant. «L'ouverture du recrutement aux candidats sur la liste d'attente n'a pas non plus débloqué la situation», explique le syndicaliste. «Le ministère n'a eu d'autre solution que de se tourner à nouveau vers les contractuels», ajoute M. Achour. Le Cela estime que le secteur ne pourra pas se passer de ce type de recrutement qu'il faudra «réglementer». «nous dénonçons les clauses des contrats auxquels a eu recours la tutelle, à savoir garder la possibilité de se séparer de l'enseignant contractuel dès que se manifeste un candidat de la liste d'attente issu du dernier recrutement», explique notre interlocuteur.