- Comment se présente la 8e édition du Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB) ? L'édition 2016 est axée sur la formation, surtout que depuis des années, nous parlons de la faiblesse de la performance artistique. Faiblesse liée justement au manque de formation. Le festival ne pouvait pas ignorer cette question. Nous avons tablé sur un stage à long terme sur le cirque, le théâtre et le pantomime, éléments fondamentaux dans la formation du comédien. Ce stage a déjà commencé avec des formateurs étrangers et la participation de quatre-vingt stagiaires de Béjaïa, de Tizi Ouzou, d'Alger et de l'ISMAS. Nous avons ramené un dispositif appelé «les portiques du cirque». - Vous avez introduit cette année dans le programme un séminaire sur la critique théâtrale. Pourquoi ? Parce qu'il fallait penser à l'accompagnement des spectacles de théâtre et à l'intégration des journalistes dans la problématique de la critique théâtrale. Un séminaire de deux jours sera animé par des spécialistes tels que Jean-Pierre Ane, Alice Carré et Brahim Noual. Nous voulons une grande présence des journalistes. C'est un débat. Il ne s'agit pas de donner les cours aux gens des médias. - Qu'en est-il de la participation artistique des troupes étrangères ? Nous avons reçu une demande de participation de 38 pays et retenu dix- sept troupes étrangères au programme. Nous attendons toujours la confirmation de la participation de la Syrie. Plusieurs compagnies nous ont contactés pour venir à Béjaïa avec leurs propres moyens et pour y présenter gratuitement des spectacles. Nous allons ouvrir le festival avec un spectacle français qui a obtenu le Molière de la meilleure mise en scène et du meilleur texte en 2014 Le porteur d'histoire d'Alexis Michalik. Il n'y a pas mieux que d'ouvrir avec un double Molière (Les Molière sanctionnent annuellement les meilleurs spectacles de théâtre en France). Ce spectacle circule bien en Europe et attire beaucoup de public. Le porteur d'histoire sera également programmé au Théâtre national algérien (TNA), le 2 novembre. Alexis Michalik va animer deux master class à Béjaïa (30 octobre) et à Alger (1er novembre). - Qu'en est-il de la participation algérienne ? Une dizaine de troupes algériennes participent dans les deux langues, arabe et tamazight. Habituellement, nous attendions le Festival national du théâtre professionnel (FNTP) avant de faire le choix des troupes. Cette année, le FNTP se déroulera après le festival de Béjaïa (il est prévu du 23 au 30 novembre 2016). Nous avons donc sélectionné les pièces qui ont eu le plus d'échos. Nous avons pris, par exemple, des pièces présentées lors du dernier festival du théâtre amateur de Mostaganem. Nous allons faire un panorama du théâtre amazigh avec un hommage à Mohand Ou Yahia (Mohia). Nous rendons également un hommage à l'écrivain Nabile Farès avec un débat sur son parcours littéraire en présence de ses proches et d'universitaires. Cette année, nous voulons tirer la sonnette d'alarme pour dire que les espaces conventionnels doivent être dépassés pour permettre au théâtre d'aller vers d'autres espaces publics. Le théâtre de rue est à l'honneur dans beaucoup de pays, cela développe des performances de théâtre contemporain de grande envergure. Nous allons dans ce sens permettre aux jeunes comédiens de s'inspirer des nouveautés, de ce qui se fait ailleurs dans le monde. Nous voulons développer le théâtre de rue pour reconquérir le public, s'éloigner un peu de la scène frontale qui limite l'esthétique des spectacles. Le théâtre doit aller vers le public dans les rues, les espaces ouverts, dans les places, les musées... C'est une manière de l'inviter de revenir aux salles. Mais il faut que ces salles répondent aux exigences du public.