Le FMI a débloqué une aide au vu du déficit budgétaire de l'Etat égyptien, équivalent à 11% du PIB, alors que celui de la balance des paiements est de 7,5% du PIB. L'Egypte, l'un des pays les plus peuplés du Monde arabe, est confronté à une grave crise économique doublée de troubles sociaux. Très dépendant de ses importations, le pays fait face à une pénurie de devises étrangères, sur fond de ralentissement des revenus tirés du canal de Suez et de la chute du tourisme depuis que le soulèvement populaire de 2011 qui a fait fuir de nombreux visiteurs et investisseurs étrangers. Les réserves de devises ont ainsi diminué de plus de la moitié depuis 2011, passant de 36 milliards de dollars avant la révolution à 16,5 milliards en février dernier, et ce, malgré les aides apportées ces deux dernières années par les puissantes monarchies du Golfe, qui se sont élevées à quelque 20 milliards de dollars. La pénurie de devises étrangères a fait exploser les prix, provoquant des pénuries de sucre, de riz, d'huile, de lait infantile ou encore de médicaments. La semaine dernière, la Banque centrale égyptienne a décidé de laisser flotter librement sa monnaie, provoquant une dépréciation de 50% par rapport au dollar. La décision de la Banque centrale s'inscrit dans le cadre des réformes liées à l'obtention d'un prêt pour soutenir l'économie égyptienne. La croissance en berne Plus de deux mois après la signature d'un accord préliminaire, le FMI a lancé vendredi dernier une bouée de sauvetage à l'Egypte en lui accordant une ligne de crédit de 12 milliards de dollars. Une aide nécessaire au vu du déficit budgétaire équivalent à 11% du PIB et de celui de la balance des paiements qui est de 7,5% du PIB. Une première tranche dudit prêt va être immédiatement débloquée, mais les autres versements restent conditionnés à l'application de mesures d'austérité impopulaires. Sous la pression du FMI, le gouvernement égyptien a déjà lancé un douloureux programme de réformes, qui prévoit notamment une baisse drastique des subventions publiques, qui représentent 7,9% des dépenses de l'Etat, allouées notamment à l'électricité et au carburant. A cela s'ajoute l'instauration d'une TVA et le gel des emplois de fonctionnaires. L'obtention de cette nouvelle ligne de crédit intervient dans un contexte des plus difficiles pour le gouvernement, confronté au risque de manifestations de masse dans un pays où 27,8% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où l'inflation atteint 14%, selon des chiffres officiels. Arrivé au pouvoir après la destitution par l'armée de l'islamiste Mohamed Morsi en 2013, le président Abdelfattah Al Sissi a dû monter au créneau pour défendre des réformes «difficiles mais inévitables». Fin 2012, le FMI et l'Egypte avaient conclu un préaccord pour un prêt de 4,8 milliards de dollars assorti de réformes économiques. Mais les discussions avaient été interrompues quelques mois plus tard, en pleine vague d'instabilité politique dans le pays qui a abouti à la destitution de Mohamed Morsi par l'armée en juillet 2013. La croissance économique du pays — qui est aussi parvenu à obtenir 6 milliards de dollars de financements en faisant appel aux marchés financiers — reste par ailleurs morose et devrait ralentir à 3,8% cette année, contre 4,2% en 2015, d'après le FMI.