Pour faire face au choc pétrolier qui est «de grande ampleur», l'Algérie doit procéder à des reformes qui soient également «de grande ampleur», a estimé hier le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) pour l'Algérie, Jean-François Dauphin. A la tête d'une délégation qui séjourne à Alger du 14 au 21 novembre courant, dans le cadre des consultations annuelles que mène le FMI avec ses membres au titre de l'article IV de ses statuts, Jean-François Dauphin, cité par l'APS, a ainsi souligné que les perspectives économiques de l'Algérie dépendent désormais de la politique économique et des réformes mises en œuvre. Interrogé à l'issue d'une rencontre avec le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, au siège du ministère à Alger, le représentant de l'institution de Bretton Woods a surtout mis en avant la nécessité pour l'Algérie de procéder à un assainissement de ses dépenses publiques. Le contre-choc pétrolier, a-t-il estimé en ce sens, «pèse sur la capacité de l'Etat à continuer à financer au même niveau qu'auparavant». De plus, a-t-il préconisé, des réformes «de très grande ampleur» doivent être opérées «pour aider à réformer le modèle économique afin que la croissance soit davantage tirée par le secteur privé, soit moins dépendante des hydrocarbures et donc plus diversifiée». Fidèle à sa doctrine de rigueur budgétaire et de réduction des déficits, le FMI réitère ainsi ses recommandations qu'il formule à l'adresse de l'Algérie depuis le début du revirement de la conjoncture pétrolière et la baisse durable des prix du brut qui continue à peser sur ses finances. Lors de sa dernière mission à Alger en mars dernier, la délégation du Fonds monétaire international, faut-il en effet rappeler, avait particulièrement insisté sur la nécessité pour l'Algérie de conforter son effort de rationalisation des dépenses, de refonder son modèle de croissance économique, de rapprocher le taux de change du dinar des fondamentaux de l'économie nationale, mais aussi d'envisager un retour à l'endettement extérieur et de procéder à une réforme de son système de subventions. «Les subventions sont souvent onéreuses et parfois antisociales, car elles profitent moins aux ménages pauvres qu'aux ménages riches qui consomment toujours davantage», avaient alors souligné les représentants du FMI. Ces derniers avaient par ailleurs considéré qu'un retour de l'Algérie à l'endettement extérieur est «inévitable et même souhaitable», eu égard à «la diminution rapide de son épargne budgétaire et de ses besoins de financer ses déficits à l'avenir». De même, avaient-ils plaidé, «de vastes réformes structurelles doivent désormais être menées pour soutenir l'activité et diversifier l'économie algérienne», à travers notamment l'amélioration du climat des affaires et de l'accès au financement, l'assouplissement de la règle dite des 51/49%, une plus grande flexibilité du marché du travail et une meilleure ouverture aux échanges internationaux.