Dans son allocution d'ouverture du campus de la jeunesse libre du RCD, hier au camp de vacances Anissa Tours de Souk El Tenine, à 30 kilomètres à l'est de Béjaïa, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Bellabas, a plaidé pour un «nouveau départ» comme alternative à la crise et pour bâtir un Etat moderne. «Novembre nous interpelle tous pour réunir les conditions d'un nouveau départ. Un nouveau départ qui s'appuie sur nos réussites, à commencer par notre victoire sur le colonialisme français, mais aussi sur nos échecs et nos erreurs post-indépendance, et ils sont nombreux», a déclaré Mohcine Bellabas devant un parterre de près de 1000 jeunes militants venus de plusieurs wilayas, des cadres et d'anciens militants du parti. Décrivant le système de gouvernance en place «autoritaire et clientéliste» qui «empêche l'émergence d'un modèle de développement moderne et viable, instrumentalise la religion» et qui «a confisqué la souveraineté du peuple», il a insisté sur la nécessité de ce nouveau départ, car «le monde a changé et change autour de nous». Un nouveau départ qui commence, a déclaré le leader du RCD, «par un discours de vérité en direction des citoyens» sur la situation de délitement social, économique et politique du pays et la fragilité de la nation. Le n°1 du RCD, qui a estimé «qu'il faut tout revoir, tout repenser», a rappelé dans ce sens les propositions de son parti pour «la refondation institutionnelle par une réorganisation territoriale de l'espace algérien, en plus de rapprocher le citoyen des centres de décision», la réforme constitutionnelle pour aller vers un Etat de droit qui garantirait, entre autres, les libertés individuelles, la séparation du religieux et du politique, la prise en compte de la diversité culturelle et linguistique, etc. Il a aussi plaidé pour la réforme parlementaire, électorale et de l'éducation, ainsi que pour l'instauration d'une politique culturelle qui «encourage la création». A propos des prochaines élections, M. Bellabas a déclaré que la participation à ces joutes n'était pas «anticipée» et que «le boycott est l'exception et non la règle». Répondant aux «commentateurs», il a réitéré «l'autonomie de décision» de sa formation par rapport aux alliances qu'il a contractées, ajoutant qu'au RCD, la participation aux élections n'est pas forcément liée à la fraude, constamment dénoncée par le parti, mais à des considérations conjoncturelles, comme en 2012, à cause du contexte régional. S'adressant aux jeunes militants, M. Bellabas s'est attaqué au régime qu'il accuse d'avoir imposé «la censure, l'enfermement et les restrictions à notre jeunesse», loin du train de vie luxueux des fils de dirigeants qui «vident le Trésor public». Cap sur la régionalisation L'orateur a réitéré l'engagement du parti pour une «transition démocratique et pacifique» vers un système politique «qui tire sa légitimité de l'expression libre des citoyennes et citoyens». En outre, il a dénoncé «l'austérité sélective» à l'égard des «plus faibles», plaidant pour une réforme financière et économique à travers une diversification de l'économie par la promotion de l'initiative publique et privée. Commentant le programme du campus de la jeunesse libre du parti qui a fait la part belle au thème de la régionalisation et le renouveau économique, M. Bellabas a déclaré que «le thème de la régionalisation est d'une actualité brûlante en raison des déséquilibres et des injustices qui caractérisent les choix et les arbitrages d'un pouvoir soumis aux intérêts de sectes et de clientèles implantées dans les centres de décision». Et de souligner : «L'absence de logiques territoriales dans les découpages administratifs n'est rien devant les risques sur la cohésion nationale, que cette gestion génère.» Dans son intervention, Mouloud Lounaoussi, ex-cadre du parti et acteur du Printemps de 1980, a développé cette thématique dans sa communication intitulée : «Etat unitaire régionalisé : une solution pour l'Algérie». Le conférencier a commencé par souligner le caractère «étouffant» de l'Etat unitaire centralisé actuel, dont les risques pèsent lourd sur la stabilité du pays, et foule aux pieds les particularismes culturels et linguistiques, en plus d'être un frein pour les initiatives régionales et donne lieu à des conflits. «C'est une pâle copie du modèle français», a martelé le conférencier. Et d'ajouter : «Le pouvoir utilise ce système pour gagner du temps, mais ça ne durera pas éternellement.» C'est pourquoi il faut aller, a plaidé le conférencier, vers un Etat unitaire régionalisé, avec des gouvernements régionaux et une Assemblée nationale composée de représentants élus au prorata des populations régionales.