La wilaya d'Alger a décidé de délocaliser les abattoirs «dans les plus brefs délais». Une note, adressée le 22 novembre par le secrétaire général de la wilaya à l'Entreprise de gestion des abattoirs de la wilaya d'Alger, exige «le début du transfert des opérateurs vers l'abattoir de Rouiba, les tueries de Zéralda et Bordj El Bahri et dans toutes les structures de la wilaya comme préalable à la fermeture dans les plus brefs délais des abattoirs». Il est expliqué dans la note que cette décision, prise lors d'une réunion avec le secrétariat général de la wilaya, vient en application du décret 10-72 du 6 février portant déclaration d'utilité publique l'opération relative à la restructuration et au réaménagement du périmètre du pôle urbain dit des abattoirs pour la réalisation de projets structurants (sièges de l'APN et du Sénat et hôtel pour les parlementaires). «C'est la énième fois qu'on nous ressort une décision qui devra toucher quelque 1000 opérateurs. Le projet de délocalisation des abattoirs date d'au moins 2005», avance Tahar Ramram, président de l'association El Djazara et coordinateur du bureau exécutif des commerçants des viandes et dérivés de l'UGCAA. Les opérateurs réitèrent leur «refus de tout transfert dans les autres abattoirs communaux». «Nous refusons l'opération de délocalisation qui, en plus du danger sur la santé publique, risque de provoquer une hausse des prix. Par contre, nous voulons qu'on nous parle du projet de réalisation d'un abattoir et d'un marché aux bestiaux prévus à Baba Ali (périphérie d'Alger, ndlr)», recadre M. Ramram. Dans un document adressé aux autorités, l'association El Djazara explique que les abattoirs de Ruisseau restent l'unique infrastructure remplissant leur fonction en conformité avec les normes et conditions d'abattage et d'hygiène fixées par la réglementation en vigueur. «L'existence des équipements adéquats tels que les chambres froides permet un ressuage post-mortem aux normes et évite une altération du produit, source de toxi-infections alimentaires, lesquelles dans certains cas (enfant et personnes âgées) peuvent entraîner la mort», explique l'association, faisant remarquer que l'existence de la structure garantit la traçabilité du produit, particulièrement dans l'approvisionnement des institutions nationales et de souveraineté en viandes rouges (Présidence, ANP, Sûreté nationale, etc.) Le document indique par ailleurs que les abattoirs communaux ne peuvent en aucun cas offrir les conditions minimales d'abattage, d'hygiène, de salubrité et de conservation en froid des viandes, d'où le risque d'abattage clandestin et de mise sur le marché de viandes non maîtrisables sur le plan sanitaire et commercial. «Les abattoirs des Fusillés, c'est 25 000 m2 avec trois salles d'abattage et d'autres espaces qui garantissent le respect de la chaîne de froid. Les structures vers lesquelles nous sommes dirigés sont exiguës : Rouiba, avec un espace d'à peine 800 m2, ne dispose même pas d'une chambre froide ; Zéralda, qui appartient à la commune, est actuellement fermée, elle peut accueillir deux veaux dans 80 m2», s'offusque le président des chevillards. Autre conséquence : des emplois directs et indirects seront supprimés et beaucoup de métiers disparaîtront : le berger, les égorgeurs, les traiteurs de triperie, marchands d'abats, traiteurs de boyaux et collecteurs de peaux. Le projet de délocalisation des abattoirs de Ruisseau implique la réalisation d'une structure à Baba Ali, un projet datant de 2005.