Deux associations soupçonnent le gouvernement de vouloir clore, ainsi, le dossier. Après Farouk Ksentini, Ali Yahia Abdenour, c'est au tour, actuellement, du mouvement associatif de s'exprimer, plus explicitement, sur le sujet. L'«indemnité» que propose, depuis plus d'un mois, la commission ad hoc sur les disparus en faveur des familles des victimes, a semé un climat de tension parmi ces derniers. Les associations de défense des droits de familles des disparus sont montées au créneau pour faire part de leurs «inquiétudes». Elles se posent de nombreuses questions notamment sur le flou qui entoure les tenants et les aboutissants de la campagne publique que dirige Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme. C'est aussi l'homme qui préside la commission ad hoc sur les disparus. Dans un communiqué qui nous été adressé hier, SOS disparus et le Collectif des familles de disparus soupçonnent le gouvernement de tout faire pour clore, définitivement, le dossier qui «irrite». Une accusation qui, rappelle-t-on, avait été adressée au président de Cncppdh au lendemain de la conférence qu'il avait animée, il y a quelque temps, au Centre de presse d'El Moudjahid. Chose que ce dernier, avait catégoriquement rejeté au cours d'une entrevue qu'il avait accordée à L'Expression. Sur un ton acerbe, les animateurs des deux associations s'interrogent, dans la lettre, sur les suites que donnera le gouvernement, à cette affaire, sachant que les familles qui s'en plaignent sont de plus en plus nombreuses. «Beaucoup parmi elles (les familles) ont signé le questionnaire (de l'indemnité) et se rendent compte...qu'ils ne savent pas réellement ce à quoi ils ont souscrit.» «D'autres ayant demandé à obtenir une copie du questionnaire rempli, se sont vu opposer une fin de non-recevoir», lit-on, encore dans la missive. Mais le soupçon le plus pesant, que révèlent les deux entités associatives, concerne, de plus près, les responsables de la commission publique. Il leur est reproché, à en croire les révélations évoquées, d'insister auprès les familles qui ont refusé l'indemnité. Ils font appel à d'autres proches des familles concernées, pour que la somme leur soit versée, coûte que coûte. Par exemple: «Une épouse de disparu qui refusait de signer pour les indemnisations s'est entendue déclarer que la commission convoquerait son beau-père.» Mais avant que soient polarisées les critiques sur les «zones d'ombre» de la démarche de Ksentini, les responsables des associations ont soulevé d'autres interrogations à propos des aides financières dont la nature n'a pas été, à ce jour, dévoilée: «S'agit-il d'une simple aide ‘‘sociale'' pour les familles ou d'une indemnité pour solde de tout compte?», accréditant l'hypothèse de la «détermination» de l'Etat à mettre fin à une question dans laquelle ont été clouées au pilori ses propres institutions. D'où la crainte de voir les pouvoirs publics «minorer les familles qui refusent l'indemnisation» et, par là même, les associations, comme SOS Disparus et le Cfda qui s'«obstinent» à vouloir faire éclater la vérité. Parce qu'engagées, corps et âme, dans leur combat, les deux associations affirment maintenir «jusqu'au bout» leur opposition à toute tentative de clôturer le dossier avant que «les autorités n'aient entamé un véritable processus de responsabilisation à la découverte de la vérité et l'établissement de la justice», conclut le communiqué. Abondant dans le même sens, l'Association nationale des familles des personnes disparues (Anfd), dénonce, à son tour, le fait que l'Etat cherche, à travers la «répression» l'«intimidation» et l'«achat des consciences» à enterrer l'affaire. Selon le communiqué de l'Anfd, parvenu hier à notre rédaction, la commission de Ksentini s'apprêterait à s'immiscer dans les affaires internes de l'association en créant un mouvement de dissidence au sein des militants. Une action que dénoncent, sans ménagement, les responsables de l'Anfd. Pis encore, ces derniers se sont élevés aussi contre l'interpellation d'un membre de leur bureau, M.Hamitouche Slimane, par des policiers alors qu'il se trouvait, poursuit la lettre, au niveau du siège de la Cncppdh à Alger. Ces derniers l'auraient immédiatement conduit dans le bureau de M.Bousseta, membre de la commission ad hoc, où il a fait l'objet de «menaces» par la personne précitée..