Dans l'Algérie d'aujourd'hui, la vie institutionnelle ressemble à un théâtre de l'absurde, radicalement opposé à la réalité. Entre ce qui devrait être selon les textes de loi et ce qu'il y a dans la réalité, deux mondes se font face sans se toucher. C'est dans ce style voué au goût de l'absurde que le ministère des Relations avec le Parlement a organisé hier une journée d'étude sur «L'opposition parlementaire dans la Constitution algérienne et les systèmes comparés». Une ode aux réformes constitutionnelles adoptées en grande pompe par la majorité parlementaire et rejetées en bloc par l'opposition. Cette dernière a d'ailleurs rejeté de la même manière sa participation à cette journée d'étude qui lui est consacrée. La rencontre d'hier s'est traduite par la seule présence de quelques ministres et des parlementaires de la majorité, ainsi que des représentants des corps constitués. Au menu, de la théorie et des éloges à la Constitution algérienne avec des vœux timidement et brièvement exprimés d'élargir l'espace de la participation des parlementaires de l'opposition au sein du Parlement. En cette veille de fin de l'actuelle mandature et de la tenue prochaine des élections législatives, un vrai débat sur le rôle du Parlement en Algérie, posant la problématique de son fonctionnement en chambre d'enregistrement, aurait fait de cette journée un événement. La théorie l'a, cependant, emporté hier sur la réalité du travail parlementaire en Algérie. Après avoir fait l'éloge de la nouvelle Constitution, l'expert en droit institutionnel, Messaoud Chihoub, a tout de même osé appeler à traduire les droits consentis dans la Constitution dans le règlement intérieur de l'APN. M. Chihoub estime que l'opposition doit être associée à l'écriture du règlement intérieur et avoir un droit de regard sur le fonctionnement de l'Assemblée et la promulgation des lois. Le professeur Bouzid Lazhari note, pour sa part, après un exposé sur le système parlementaire britannique, que la pluralité, dans tous ses aspects, doit être effective dans le Parlement. Et d'admettre que le chemin est encore long pour y arriver. Les différents intervenants se sont accordé à dire, en des mots mesurés, que l'opposition est en droit d'avoir une plus grande participation à la vie parlementaire, sans toutefois évoquer les difficultés auxquelles font face les parlementaires de cette opposition, souvent bloqués par les dispositions d'un règlement intérieur fait sur mesure pour protéger les membres du gouvernement d'être réellement comptables devant les élus du peuple.