Le Maroc, qui a essuyé, le mois dernier, sa énième défaite diplomatique au titre du dossier du Sahara occidental, après le nouveau soutien accordé par les Nations unies au principe de la tenue d'un référendum d'autodétermination comme voie de règlement de la crise sahraouie, s'est remis, depuis peu, à chercher de nouveaux « arguments » pour tenter de convaincre la communauté internationale de faire l'impasse sur l'organisation de cette consultation. Le fantasme de Rabat reste, bien entendu, de remettre sur la table des négociations son « projet de large autonomie ». La nouvelle démarche de la monarchie marocaine — qui a pour habitude de commander des études à des think-tanks à la réputation douteuse — consisterait ainsi à persuader l'opinion internationale que l'hypothèse du recouvrement par le Sahara occidental de son indépendance pourrait être préjudiciable à la sécurité de la région. C'est ainsi que dans un discours télévisé prononcé lundi, à l'occasion du 31e anniversaire de la « marche verte », le roi Mohammed VI a tenté de faire admettre l'idée qu'un Sahara occidental indépendant prôné par le Polisario favoriserait le terrorisme au Maghreb et au Sahel. « Nous réaffirmons (...) notre attachement à l'unité du Maghreb arabe et notre volonté d'épargner à cet espace, ainsi qu'à la région du Sahel et aux rives méridionale et septentrionale de la Méditerranée, les risques calamiteux de balkanisation et d'instabilité qu'engendrerait l'implantation d'une entité factice », a déclaré le souverain marocain. Pour lui, la « redoutable hypothèse » que représenterait l'indépendance du Sahara occidental transformerait la région en un repaire pour des groupes terroristes. Ce discours, qui, en réalité, n'est pas nouveau, prouve que le Maroc n'est pas prêt à se conformer à la légalité internationale malgré le soutien unanime dont bénéficie le dossier du Sahara occidental à l'ONU. L'attitude hostile des autorités marocaines au règlement préconisé par le Conseil de sécurité aura pour conséquence immédiate de replonger la question du Sahara occidental dans un statu quo vieux de 30 ans. Le Maroc, qui voulait sans doute, à travers la sortie de son monarque, tâter le terrain et, surtout, étudier les réactions que va susciter l'annonce de son « nouveau projet d'autonomie » — un projet qu'il s'apprête à rendre public — n'aura, en tout cas, pas trop attendu pour savoir ce qu'en pense l'Algérie. Depuis la République de Chine, où il est en visite d'Etat, le président Bouteflika a affirmé, en effet, que l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément au plan Baker et à la légalité internationale, demeure « inévitable ». Le chef de l'Etat a réitéré, dans une allocution prononcée à l'université de Pékin, la position de l'Algérie à l'égard du conflit au Sahara occidental, soulignant qu'il s'agit d'un « problème de décolonisation » dont la résolution « incombe à la communauté internationale dans le cadre de la Charte des Nations unies et des décisions du Conseil de sécurité ».