Le noyau de cette initiative annonce la participation du mouvement naissant aux prochaines élections législatives, en mettant en avant l'opportunité d'occuper les «espaces de représentation populaire». Un groupe de militants et élus indépendants de Béjaïa vient de lancer un nouveau mouvement citoyen, qui n'est pas moins politique. Le noyau formé autour du président de l'Apc de Tinebdar, Braham Bennadji, qui en est le porte-parole, est constitué des maires en activité de Feraoun et Semaoun, de quelques élus en fonction, d'anciens P/APC et de militants associatifs de la région, dont certains sont installés en France ou au Canada. Parmi la quinzaine de noms annoncés, se distinguent d'anciens militants qui sont en divorce de longue date avec leurs ex-partis (RCD et FFS). «A la politique de marginalisation à l'égard de notre wilaya rebelle, adoptée par le pouvoir central, s'ajoute la faillite de la classe politique de la région à travers la qualité de ses représentants siégeant au Parlement et aux collectivités locales (APW et APC), pour leur majorité, sans culture politique militante. Et cela depuis que les partis politiques implantés en Kabylie se sont transformés en de simples appareils politiques, après avoir été désertés par la majorité des militants de conviction», voilà à quoi se résument les mobiles de cette action. C'est du moins ce qu'écrivent ses initiateurs dans une déclaration lue, le 12 décembre, par Braham Bennadji lors d'une conférence de presse tenue au CDDH. Le groupe affiche une ambition aussi nette que la première destination qu'il s'est déjà tracée : prendre part aux législatives de 2017. «Aujourd'hui, porter haut la cause citoyenne des habitants de notre région passe impérativement par la récupération des espaces de représentation populaire, via la mobilisation et l'implication de l'ensemble des militants de conviction lors des élections générales de 2017», écrit-il. Se limitant à l'espace de la wilaya, le mouvement met en avant un argumentaire qui se greffe sur le retard de développement de Béjaïa. «La wilaya de Béjaïa, avec près d'un million d'habitants, possède de grandes potentialités humaines et naturelles et beaucoup d'atouts pour assurer son développement. Malheureusement, elle est à la traîne en la matière, figurant en bas de liste des wilayas en croissance, accusant ainsi un retard considérable par rapport aux autres circonscriptions (…). L'écrasante majorité des wilayas du pays ont bénéficié de l'embellie financière de ces deux dernières décennies, notre wilaya quant à elle n'a vu que des promesses non tenues», est-il déploré. Mais avant de s'impliquer dans l'aventure électorale, le groupe entend aller vers l'organisation d'«assises citoyennes qui auront lieu avant la fin du mois de janvier 2017». On ira vers ces assises pour doter le mouvement naissant «d'une direction», mais aussi pour adopter «une stratégie électorale» pour les prochaines élections législatives et locales. «C'est un mouvement social qui regroupe toutes les forces vives et servira de cadre de concertation et de combat. Les élections ne sont qu'une opportunité», a déclaré Bennadji. «On a besoin de militants dans les institutions élues, malheureusement on n'a des élus démarcheurs», stigmatise Madjid Ouddak, élu indépendant à l'APC de Chemini. Il faut rappeler que des initiatives politiques ou citoyennes plus ou moins similaires n'ont pas fait long feu dans le passé. Elles se sont essoufflées à leur naissance, malgré le trop-plein d'ambition affichée. Pour tenter de s'en détacher, les porteurs de cette nouvelle initiative s'efforcent à se montrer pragmatiques en annonçant qu'«une campagne de sensibilisation et d'explication sera menée sur le terrain pour informer le maximum de militants pour une large adhésion à ces assises». Ce n'est surtout pas l'échéance proche des législatives qui émoussera leur ambition. «Nous partons gagnants», commente, serein, Madjid Ouddak, pour qui la récolte de «trois sièges» de députation est dans leurs cordes.