Le patron du FLN relance le projet d'un «front intérieur» et savoure la décision du Conseil d'Etat qui vient de débouter les contestataires. Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, relance le «front intérieur» initié par son prédécesseur en 2015 sans grand succès. Seules quelques formations politiques et organisations de masse avaient répondu à l'appel, alors que le gros de la classe politique avait fait la sourde oreille à l'appel lancé par Amar Saadani. A l'époque, on soupçonnait l'ancien secrétaire général de l'ex-parti unique d'avoir voulu contrecarrer «l'alliance présidentielle», initiative défendue par son «frère-ennemi» Ahmed Ouyahia, mais qui ne lui «convenait pas». Aujourd'hui, si l'idée reste la même — à savoir créer le plus large front avec d'autres partis politiques —, la donne a changé depuis le vote de la nouvelle loi électorale, exigeant des formations politiques un seuil de 4% d'élus pour pouvoir prendre part aux prochaines législatives. «Plusieurs partis sont prêts à se mettre sous la protection du parti majoritaire pour garder leurs députés», explique un cadre du FLN sous couvert de l'anonymat. C'est le cas de Filali Ghouili, secrétaire général du parti islamiste El Islah, invité au siège du FLN à Hydra, hier, et qui se dit prêt à embrasser le projet de M. Ould Abbès. Pour l'ancien membre de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO), «face à l'échec des autres initiatives» il faut en «rechercher d'autres plus efficaces» comme «le front intérieur, garant de la stabilité et de la sécurité de l'Algérie». Des propos que le chef du FLN a appréciés à leur juste valeur. Autre satisfaction pour Djamel Ould Abbès : la décision du Conseil d'Etat, la plus haute juridiction du pays, qui a rejeté les actions déposées par les contestataires contre les résultats du 10e congrès du parti, tenu en mai 2015, et dont le groupe de Belayat contestait la direction qui en est issue. En clair, les redresseurs refusaient de reconnaître le comité central et le bureau politique installés par l'ancien secrétaire général. Si cette action avait été introduite du temps où le parti était dirigé par Amar Saadani, son verdict ne pouvait pas mieux tomber pour le nouveau secrétaire général, alors qu'il mène une guerre sourde contre les redresseurs et leur chef, Abdelaziz Belkhadem. En vieux routier de la politique, Djamel Ould Abbès a compris l'avantage qu'il pouvait en tirer. Lors de sa rencontre avec Filali Ghouili, il a déclaré aux journalistes que «plus personne n'a le droit dorénavant de parler au nom du FLN en dehors du cadre du parti». Pour lui, le bureau et le comité central ne peuvent plus être dénoncés. En revanche, le chef du FLN fait face à la grogne des militants, n'hésitant plus à venir demander la tête de leurs responsables jugés illégitimes et corrompus. Ainsi, une vingtaine d'entre eux se sont déplacés de Ksar El Boukhari et Tissemsilt pour réclamer le départ de Abdelkader Kouali et de Abdelkader Chakou (mouhafedhs de Kssar Boukhari et de Médéa) et accusant Sadek Bouguettaya et Abdelkader Zehali (membres du bureau politique) d'avoir «vendu le match» en faveur des deux mouhafedhs en échange de certains avantages. Dans une cohue indescriptible, Djamel Ould Abbès a rassuré les militants et leur a promis d'étudier leur dossier. Pour un cadre du parti, les choses risquent de devenir rapidement ingérables car «la boîte de Pandore est ouverte et personne ne sait comment tout cela va finir». Si 2016 se termine en beauté pour Djamel Ould Abbès, 2017 risque d'être plus compliquée.