Les membres de l'intersyndicale autonome déclarent, dans un communiqué rendu public hier, que «le gouvernement est le premier responsable de cette tension sociale et l'unique chargé de la protection des biens publics et privés du peuple». A partir du 28 du mois en cours, l'intersyndicale autonome annonce la tenue de sit-in régionaux devant les sièges des wilayas de Batna, Blida, Sidi Bel Abbès et Ouargla. Cette décision, prise samedi, lors d'une réunion générale au siège du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste), vient suite au mouvement de protestation contre la nouvelle loi relative à la retraite, contre le pouvoir d'achat érodé, contre le nouveau code du travail et, bien sûr, en raison des répercussions de la loi de finances 2017 qui ont mené à des émeutes dans plusieurs wilayas. Dans ce sens, les membres de l'intersyndicale autonome déclarent, dans un communiqué rendu public hier, que «le gouvernement est le premier responsable de cette tension sociétale et l'unique chargé de la protection des biens publics et privés du peuple». L'ouverture d'espaces de communication et d'expression pacifique des opinions de la société est la première exigence énumérée dans ce document. Pour Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le gouvernement n'a pas le choix et doit trouver une solution pour répondre favorablement aux réclamations de la société et des syndicats des travailleurs. «Notre principale revendication est faite au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, auquel nous demandons d'user de ses prérogatives pour le gel ou l'annulation pure et simple de cette loi qui va à l'encontre des acquis des travailleurs. Notre position est claire et nous sommes décidés à ne pas lâcher prise tant que nos doléances ne sont pas prises en charge», souligne-t-il. Avant de rebondir sur le projet du nouveau code du travail que l'Etat, selon lui, refuse de soumettre sous prétexte d'avoir le maximum d'opinions de la part des syndicats pour éviter une éventuelle répétition des mouvements de colère déjà en cours à propos la loi sur la retraite. «Malheureusement, ce n'est pas le cas et nous avons une véritable crainte quant au contenu de ce projet de loi qui pourrait éventuellement légaliser la flexibilité de l'emploi et, de facto, sa précarité en encourageant la contractualisation générale des postes de travail. Aussi, il n'est pas à écarter que ce projet puisse contenir d'autres articles graves remettant en cause le droit à la grève ou entravant le droit syndical. Même si le ministre de tutelle déclare qu'il n'y a aucun projet de loi sur le travail en cours, nous savons que le dossier a été soumis à l'APN mais, heureusement, n'a pas été inscrit en raison des réactions négatives quant à la loi sur la retraite», ajoute M. Merabet. Pour lui ainsi que tous les membres de l'intersyndicale autonome, les répercussions de la politique d'austérité sont graves. Elles sont ressenties au quotidien dans les établissements publics, dont les hôpitaux, et impactent négativement le pouvoir d'achat des citoyens. «Face aux conséquences de la loi de finances 2017, qui sont désormais une réalité, les citoyens comprennent aujourd'hui la raison qui poussait les syndicats autonomes à crier haut et fort leur contestation de cette loi et leur réclamation de la préservation de leur pouvoir d'achat. Nous militons aujourd'hui pour que cette loi soit modifiée ou non appliquée dans son intégralité ou, au pire, que les projets de loi de finances des trois années à venir, qui sont selon nos informations déjà prêts, ne soient pas pires que celle que nous subissons actuellement», déduit-il avant de soulever que cette loi a été faite pour les employeurs et non pour les employés. La réunion de l'intersyndicale a également abouti à l'annonce de la mise en place d'une commission chargée de la préparation du dossier de constitution de la confédération nationale des syndicats autonomes. Selon Messaoud Boudiba, secrétaire du Cnapeste, cette nouvelle institution sera justement la voix officielle de tous les syndicats autonomes et pourra constituer un véritable poids dans la préservation des droits syndicaux de l'employé et du citoyen. Il est également prévu, comme résultat de la rencontre de ce samedi, la tenue d'une réunion nationale extraordinaire le 4 février prochain pour dresser un bilan de la situation et mettre en place une feuille de route et un calendrier pour les mouvements de protestation à venir. Le recours aux grèves n'est pas à écarter. Une pétition visant la collecte d'un million de signatures est en cours. Il est aussi envisagé la tenue d'un rassemblement national dont la date et le lieu seront connus prochainement.